"Clown
In The Mirror" est le second album de Royal Hunt. Sorti en 1993,
quatre ans après la naissance du combo, il fut le dernier opus où a
œuvré Henrik Brockmann, le frontman des origines. D.C. Cooper
pointera sa frimousse par la suite déstructurant par sa présence
l'hégémonie danoise de la formation. En cette fin d'année 2018,
pour fêter son 25ème anniversaire, "Clown In The Mirror" s'offre un
lifting de premier choix avec sa sortie remastérisée.
Celle-ci
est due à son omnipotent claviériste André Andersen qui avait
décidé à l'époque d'amener son groupe à emprunter un virage
stylistique qui allait le conduire pas à pas aux sonorités que nous
connaissons de lui encore aujourd'hui. En partie abandonnées, les
constantes FM des deux premiers opus du combo laissent ici souvent la
place à des sons plus heavy, davantage symphoniques et subtilement
progressifs.
Il ne faut pas à l'auditeur très longtemps avant de se rendre compte
que l'histoire de Royal Hunt est ici à un tournant, juste le temps
d'une intro aux claviers annonçant un remarquable 'Wasted Time' qui
surprend par son rythme enlevé et les complots grandiloquents
fomentés par les cordes et les claviers. Les accroches mélodieuses
insidieuses, autre caractéristique du groupe, sont toujours là mais
en version larger than life où les chœurs emplis de verve se
disputent la vedette avec des claviers qui emplissent opportunément
l'espace en toute autorité.
‘On
The Run’ est de la même veine, son entrée en matière ressemblant à
une ébauche de celle encore plus furieuse du titre 'Lies' sur l'album "Fear" qui sortira six ans plus tard. Il est à noter également le magnifique 'Legion
Of The Damned' dont les envolées mélodieuses prennent aux tripes et
le moins notable 'Here Today, Gone Tomorrow' malgré quelques belles
parties de guitare. Mais c'est le titre final, le bien nommé 'Epilogue', qui restera ici gravé le plus profondément dans la
mémoire des fans. Ce morceau est un des monuments qui fit la gloire
de Royal Hunt qui lui rendit par la suite longtemps hommage en live.
Malgré
ce morceau fétiche, "Clown In The Mirror" ne trusta pas tous les
charts ni de pulvérisa aucun record de vente, la faute peut-être à
sa trop grande diversité stylistique car Royal Hunt, malgré ses
nouvelles intentions affichées, hésitait encore à entreprendre
fondamentalement son virage musical. Ainsi, l'opus contient des morceaux plus classiques et donc moins marquants comme 'Ten To Life', 'Bodyguard' et sa basse limite jazz/funk ou 'Bad Blood' titre FM qui passe, et lasse. Néanmoins, ce troisième album des
chasseurs royaux mérite que nous terminions, à son sujet, sur une
remarque positive en n'oubliant pas le titre éponyme, une ballade
tout en finesse portée par les claviers du maître des lieux, la
sensibilité du toucher de Jacob Kjaer l'homme à la six cordes et
la voix remarquable du bientôt congédié Henrik Brockmann.
"Clown
In The Mirror" n'avait pu bénéficier à l'époque de la production plus onéreuses qu'a connu les plus récents albums de Royal Hunt,
il méritait toutefois cette sortie remastérisée car il fut
l'album charnière de ce groupe qui nous a si souvent régalé par la
suite.