Si Lunear n'est apparu que très récemment sous nos radars, "Many Miles Away" est le fruit d'une gestation de quatre années, entamée à l'origine par deux amis de 20 ans, Paul J. No et Sébastien Bournier, rejoints au cours de l'aventure par Jean-Philippe Benadjer pour s'occuper des instruments à cordes.
Amoureux des mélodies lumineuses et langoureuses, cet album est fait pour vous. Les voix tout d'abord, qu'elles soient solo ou en chœur, font l'objet d'un superbe travail, même si les anglicistes les plus purs trouveront peut-être à redire à l'accent de Paul J. No., qui ne gâche en rien un timbre très pop qui évoque tour à tour The Beatles ou encore Tears For Fears. Car côté musique, ce premier album oscille entre néo-progressif et pop progressive des plus classieuses, présentant tout ce qui fait le sel des productions du genre : des mélodies inspirées aux refrains mémorables, des développements instrumentaux qui font la part belle aux soli de guitare sur fond de claviers qui emplissent l'atmosphère, le tout déroulé avec une accessibilité de tous les instants.
L'entame par 'Closed Doors' résume à elle seule le style proposé par le trio : une belle introduction montant tranquillement en puissance, les claviers d'abord et la guitare ensuite, une rythmique entraînante avec une basse chantante, et des enchaînements couplets/refrains qui font mouche, avec un gros break instrumental pour achever l'ensemble. Aux côtés de ce premier morceau de bravoure, nous trouverons quelques perles pop/rock comme 'In Between' ou encore 'Heaven ?' qui lorgne vers Tears for Fears. Ce dernier groupe semble d'ailleurs avoir quelque peu inspiré Lunear dans la construction de cette production, le titre final m'évoquant l'album "The Seeds of Love".
Mais c'est bien entendu du côté du néo-progressif que les plus grosses influences se font entendre : utilisation de claviers vintage, voire de Mellotron ('A Last Time for Everything'), un petit passage du côté d'Eloy ('Don't be Scared') ou de Tangerine Dream ('Conflagration') et des guitares tour à tour agressives ou aux sonorités arrondies pour de superbes solos, apportant une certaine majesté aux parties instrumentales. Dans le style si encombré durant les années 90, des similitudes apparaissent avec des groupes comme Final Conflict ou encore Primitive Instinct. Mais si l'on cherche du côté des productions les plus récentes, le nom de Steven Wilson et son album "To the Bone" est alors inévitable.
L'ensemble est emballé par une production aux petits oignons qui vient littéralement caresser l'oreille, mettant encore plus en valeur les mélodies et les arrangements soyeux qui les accompagnent, développant un caractère addictif certain qui n'est pas près d'abandonner l'auditeur qui se jettera sur cette première production qui, nous l'espérons, en appellera bien d'autres.