Après un premier album fort apprécié paru en 2016, les Québécois de Fractal Cypher nous reviennent avec un bel EP de plus de 30 minutes. Et disons le tout de go, il s'agit de 30 minutes de bonheur progressif.
Là où "The Human Paradox" était volontiers démonstratif, technique et pouvait manquer de sobriété, ce nouvel effort démontre une sensibilité et une richesse mélodique de tout premier plan. Avec 'Coming Back To Life', les choses s'installent doucement, de façon progressive et sublime. Le piano/voix des premières minutes démontre une capacité d'émotion et de légèreté très appréciable, la mélodie étant le premier argument. La voix de Simon Lavoie (ça ne s'invente pas) se pose avec délicatesse sur les arpèges délicieusement égrainés par Ludovick Daoust. Lorsque les autres protagonistes entrent en jeu c'est pour mieux appuyer et approfondir ce subtil travail. Lorsque l'énergie retenue se déverse dans le dernier tiers du titre c'est dans un registre purement prog, efficace mais relativement économe. Ce premier titre de 10 minutes est tout simplement superbe, sans effets de manche inutiles et confine à la perfection mélodique.
'The Grandeur Of It All' poursuit avec une sonorité un peu soft jazz au démarrage puis renoue avec le metal prog classique à la Dream Theater. Pour le coup, on a affaire à un titre débordant d'énergie, de guitare lead explosive et de clavier virevoltant. La section rythmique n'est évidemment pas en reste et on perçoit la jouissance expressive de la basse, déjà très présente sur le premier titre et l'exultation communicative de Steven Cope derrière ses fûts. Il s'agit pour le coup d'un morceau assez traditionnel mais tellement exutoire.
'From The Above And To The Stars' s'appuie sur une rythmique plus lourde et explore certaines profondeurs créant une atmosphère inquiétante qui rappelle un peu Redemption dans sa densité et se termine en piano/voix tout en douceur avant un 'Red Lady' un peu surprenant. En effet, ce titre évoque un peu le jazz façon piano bar mais laisse entendre une guitare enthousiaste. Et la chanson se déroule sur mode léger et emphatique qui évoque la sympathie et la fraîcheur. Vincent Bruneau s'en donne vraiment à cœur joie sur ce titre en particulier où il trouve la place pour laisser s'exprimer tout son talent. Il possède un savoir-faire, une musicalité et une intelligence dans la construction de ses solos qui ne reposent pas que sur une technique irréprochable.
Espérons surtout que cet EP ne mentira pas et qu'il constitue effectivement un prélude à un résultat imminent et qu'il ne faudra pas trop attendre le deuxième album qui, s'il est à la hauteur de ces quatre titres, risque de faire parler de lui.