Dans le monde du néo-progressif, le nom de Hew Montgomery renverra les plus érudits aux sources du mouvement et plus particulièrement au groupe écossais Abel Ganz, dont il fut un des fondateurs au début des années 80. Ayant quitté le groupe en 2007 suite à quelques désaccords musicaux, le claviériste a fondé son nouveau groupe Grand Tour, aujourd'hui complété par des membres d'autres groupes écossais issus de cette scène, Comedy of Errors et Long Earth. Après un premier album passé plutôt inaperçu, Grand Tour publie en cette année 2019 "Clocks That Tick (But Never Talk)"
Avec un tel background, il ne faut pas chercher très loin le style musical développé tout au long des 68 minutes de l'album. Nous plongeons en effet en plein dans le néo-progressif des années 90, avec des titres longs, très mélodiques, servis par une production simple mais claire, permettant une bonne harmonie entre les différents instruments. Dès les premiers instants du morceau titre qui ouvre le bal, les familiers de Comedy of Errors vont retrouver leurs marques, bercés par les différents thèmes mélodiques qui se succèdent et se superposent, par le biais notamment d'une basse très mélodique. Sans être exceptionnel, le champ colle plutôt bien aux ambiances qui présentent également quelques aspects tirant vers le folk.
Et comme il est toujours difficile de renier son passé, 'Back in the Zone' nous ramène en plein dans l'univers d'Abel Ganz première version, avec un titre qui se veut l'écho du best of couvrant la première période du groupe ("Back From the Zone"). Petite touche d'originalité, l'instrumental 'The Panic' va nous offrir sa rythmique sautillante et percutante pour répéter à l'envi ses deux thèmes au fil desquels viendront se superposer de multiples couches sonores dans un effet joyeux plutôt réussi.
Au fil des différents morceaux, quelques soli de guitare ou de claviers viennent remplir l'espace entre les parties chantées qui s'avèrent majoritaires dans la plupart des titres. Pourtant, il ne s'agit jamais pour les instrumentistes de tirer la couverture à eux mais juste de prolonger quelques instants encore une écoute très agréable, quitte à tirer parfois un peu trop en longueur. Mais au vu du plaisir à se laisser entraîner par un réel talent de mélodiste, on ne pourra en tenir rigueur au moment du bilan final.
Pénétrer dans l'univers de Grand Tour, c'est se laisser emporter une trentaine d'années en arrière, aux sources d'un néo-progressif typiquement écossais, porté non seulement par Abel Ganz et Comedy of Errors, mais également un peu plus tard par Red Jasper. Subtil mélange de mélodies soignées, d'arrangements raffinés et d'effluves folk, "Clocks That Tick" remplit son honnêtement le contrat : nous faire passer un (très) bon moment à son écoute. Que demander de plus ?