Aujourd’hui, MW offre à certains d'entre vous un retour aux sources à 2 niveaux. Tout d’abord, avec ce premier opus datant de 1976, Machiavel nous gratifie d’un joli condensé de ce qu’il se faisait de mieux en matière de rock progressif dans les années ’70, à l’aube du punk. Ensuite, parce qu’étant moi-même belge, je ne pouvais pas laisser l’occasion de retourner à la musique du plat pays qui est le mien.
Premier album donc, où nous retrouvons un certain Jack Roskam aux guitares (qui sera remplacé plus tard par Jean-Paul Devaux, lui-même remplacé par le gaucher Thierry Plas quelques années après), l’éternel Marc Ysaye à la batterie (et officiera même comme chanteur !), Roland Degreef à la basse et le regretté et talentueux Albert Letecheur aux claviers. A l’époque il n’y avait pas de groupes de rock progressif en Belgique. Alors que la majorité des pays occidentaux possédaient déjà leurs Pink Floyd (UK), Ange (France), PFM (Italie), la Belgique ne parvenait pas à trouver sa perle rare. C’est alors qu’est intervenu Machiavel.
L’album éponyme est salué par la presse de l’époque ainsi que par le public. Rétrospectivement, il est clair que tous les morceaux ne sont pas du même calibre. Certains faux pas auraient peut-être pu évités (pensons notamment au doublé des « Joan ») mais il est impossible de contester le talent artistique qui se cache derrière les 6 morceaux que composent l’œuvre.
S’il ne fallait retenir qu’un seul morceau de ce premier travail, c’est sans hésiter « Cheerlesness », une composition comme on en a fait que trop rarement dans l’histoire du rock progressif. Tout en délicatesse, Marc Ysaye pose sa voix chaude sur les quelques accords de piano pendant 2 ou 3 minutes. A l’image d’un Archive aujourd’hui, les musiciens rajoutent une couche instrumentale à chaque strophe jusqu’à l’apothéose, lorsque le claviériste explose et accouche d’un fabuleux solo. A cet égard, le Machiavel d’aujourd’hui ne manquera pas de reprendre cette chanson en l’honneur du talent de Letecheur, décédé quelques années auparavant.
Dans la même veine, « Cry no more » est un morceau très touchant au début et qui se terminera sur le meilleur solo de guitare de l’album. Encore une fois, tant le chanteur que les musiciens assurent leur place de précurseurs dans l’histoire du rock belge avec brio. Dans un style plus « Yessien », Jack Roskam gratte son instrument façon Steve Howe sur le morceau « I am » avec talent et énergie. Petit manque d’originalité peut-être ? Quoiqu’il en soit, il est clair que ces 4 belges ont du talent à revendre et ils ne se privent pas de nous le montrer.
Enfin, « Leave it where it can stay » est une ballade romantique où se côtoient allégrement guitares et claviers. Caché derrière ses fûts, le batteur charme nos oreilles avec cette voix chaude et rassurante, presque dépressive mais tellement agréable…
En résumé, pour les belges qui nous lisent, il n’y a aucun complexe d’infériorité à avoir vis-à-vis des machines à tubes de nos voisins. Avec l’album du même nom, Machiavel fait preuve de créativité, s’offrant par la même occasion une place de choix sur la scène très sollicitée du rock progressif en Europe.