1994 marque la naissance d'un groupe dont il ne savait pas encore à l'époque que l'on parlerait encore de lui 25 ans plus tard. 1994 coïncide aussi avec les disparitions de Kurt Cobain (Nirvana), Kristen Pfaff (Hole) et Harry Nilsson. Mais d'autres sont donc nés en cette année pour reprendre le flambeau, sublimer ce qui a été créé. Le groupe dont il s'agit est né autour d'une chanteuse charismatique au doux surnom de Skin, auteur notamment d'un titre devenu un hymne intitulé 'Hedonism' et doué pour des prestations scéniques de haute volée. Il s'agit bien évidemment de Skunk Anansie qui fête un quart de siècle de carrière (avec une petite coupure au milieu des années 2000).
Reformée en 2009, la formation ne s'est pas reposée sur ses lauriers et a sorti autant d'albums que dans sa précédente vie ainsi qu'un live acoustique (2013) enregistré à Londres. Afin de fêter dignement cet anniversaire, le groupe a décidé de regarder dans son rétroviseur et de piocher dans les multiples enregistrements live, ses prestations les plus énergiques afin de constituer le concert ultime de Skunk Anansie. Ce choix n'est pas nouveau puisque Iron Maiden l'avait fait pour son live "Flight 666". Si le concert acoustique laissait transparaître la facette la plus intime des Anglais, la plus émotionnelle, celle du live 25 correspond à son antithèse et représente son opposé énergique venant ainsi compléter son aîné de 3 ans.
Il faut dire que le groupe possède dans sa discographie tout un attirail de titres catchy, puissants et rageurs transcendés par la magnifique voix de Skin (qui s'apparente à celle d'Annie Lennox). Ce live est un tourbillon addictif duquel il sera bien difficile de sortir. Il débute d'emblée par une version hallucinée de 'Charlie Big Potatoe' qui multiplie les mouvements après une introduction electro. Le titre alterne les passages relativement apaisés puis les plus brutaux jusqu'à ce cri de la chanteuse à la quatrième minute, à partir du moment où tout devient schizophrène. Après cette entrée en matière flirtant avec le progressif, Skunk enchaîne avec un 'Intellectualise My Blackness' à l'ambiance quasi funky, doté d’un refrain dévastateur et revendicatif.
La prouesse technique donne l'impression d'assister à un seul concert et non à plusieurs. Chaque assistance se manifeste notamment lors des premières secondes des titres qui happent totalement l'attention d'un public conquis d'avance. Les hymnes nombreux sont bien présents au premier rang desquels 'Because Of You' totalement habité par Skin qui transpire sa chanson de tous les pores de sa peau et l'interprète avec cette justesse vibrante qui la caractérise, malgré le fait que ce titre soit techniquement difficile à maîtriser tant il alterne les montées et descentes d'octaves. Heureusement, elle peut compter sur ses musiciens qui apportent le supplément d'énergie pour la soutenir. L'auditeur retrouve également le tube incontournable 'Hedonism' dans une version irrésistible à la beauté diaphane, à laquelle répond l'auditoire en reprenant en cœur et chœur le premier refrain.
Le groupe n'en oublie pas les moments d'émotion avec des titres plus posés comme le mélancolique 'I Hope Get To Meet Your Hero' rehaussé de cordes qui accentuent la dramaturgie, ou le crépusculaire 'Death To The Lovers' qui trouve tout son relief dans la simplicité et le dépouillement de ses arrangements. Le reste du concert n'est qu'énergie communicative allant de 'Love Someone Else' au son moderne à de 'God Loves Only You' plus vintage et authentiquement rock dans l'âme et dans la forme.
Plutôt que de privilégier l'ambiance impersonnelle du studio, Skunk Anansie a préféré pour le best of de ses 25 ans la forme du live et de partage avec son public. Le choix s'avère réussi tant il témoigne de l'énergie scénique et d'interprétation du groupe plus soudé que jamais et qui nous donne probablement rendez-vous dans 25 ans pour le 50live@50, fourni avec appareils auditifs.