"Un album intimiste, mélancolique, mélodieux, doux et lent qui distille un sentiment de tristesse diffuse auréolée d'un timide optimisme". Telle était la conclusion de notre chronique du précédent album de Vinc2, "By the Third Sea", qui pourrait sans nul doute s'appliquer à "Rescued From Drowning" paru cinq ans plus tard. Ceux qui avaient été séduits par la musique atmosphérique du précédent opus ont toutes les chances d'être touchés par la grâce de ce nouvel opus.
On retrouve en effet sur "Rescued From Drowning" tout ce qui faisait le charme de "By the Third Sea" et, au premier plan, des compositions finement ciselées, tout en nuances et tons pastel, servies par une prise de son au cordeau. Car, sans effet de manche, avec une grande économie de moyens et un tempo lent d'un bout à l'autre, Vinc2 arrive non seulement à capter l'attention de l'auditeur mais aussi à la conserver jusqu'au bout de l'album sans baisse d'intensité.
L'amateur de rock atmosphérique le sait bien : le talon d'Achille de ce style musical réside dans la monotonie qui peut à tout moment s'inviter dans un genre où les règles étroites laissent peu de place à la manœuvre. Or non seulement "Rescued From Drowning" ne tombe pas dans le piège, mais il réussit même à surprendre constamment par la diversité de son propos et le caractère très cinématique de sa musique. L'auditeur pourra ainsi s'imaginer contempler un radieux lever de soleil ('Birth (Again)'), découvrir des fjords gelés ('Confusion'), traverser une forêt enchantée ('TDR') ou arriver au paradis ('Funerarium') tant les harmonies sont évocatrices. Peu importe si ces interprétations sont éloignées des intentions de l'auteur, la musique impose à l'esprit de celui qui l'écoute des images ou des sensations, comme ce retour à la douceur de l'enfance avec une pointe de nostalgie ('Hideaway') ou la solitude, la vieillesse et la mort ('Overgrown Fields').
Si la tonalité est souvent mélancolique, cette mélancolie se teinte pourtant d'optimisme la plupart du temps, laissant un sentiment doux-amer très agréable. 'Funerarium' par exemple, malgré un titre n'incitant pas à la gaieté, se transforme en un passage apaisant du monde terrestre à l'au-delà grâce à un chant angélique et un halo sonore lumineux. D'ailleurs la voix, parcimonieusement utilisée, apporte à chacune de ses interventions une plus-value évidente, que ce soit la mélopée fantomatique de 'TDR', les vocaux évanescents de 'Rain on My Glasses' ou le récitatif truffé d'effets du poignant 'Overgrown Field'.
Malgré le quasi tout instrumental, un certain minimalisme et le tempo lent de la plupart des titres, "Rescued From Drowning" est très varié et son caractère cinématique permet à l'auditeur de voyager sereinement. Un bien bel album pour tous les amateurs de périple atmosphérique.