John Mayall est l’un des artistes les plus âgés à être chroniqué dans nos pages puisqu’il sort son… soixante-septième album (ah, quand même !) quelques semaines après son 85ème anniversaire. Si c’est pas de la longévité, ça !
Mayall fait partie de ces bluesmen intemporels que chacun a déjà entendu sans le reconnaître pour autant. Il a oscillé toute sa carrière entre le blues rock et le jazz à la manière d’un Robben Ford par exemple avec qui il partage ce goût immuable pour le rock des seventies et le blues qu'il arpente depuis des années avec ses Bluesbreakers. Cet écrin y a révélé de très grands noms du blues comme Kyle Fleetwood, Peter Green ou Eric Clapton pour ne citer qu'eux.
Le guitariste anglais continue de chanter, mais il s’est reconverti dans le clavier, laissant les lumières des six cordes à des invités sur ses derniers albums. Et pour celui qui nous intéresse aujourd’hui, il s'est entouré de ses guitaristes préférés et il y a du beau monde. Joe Bonamassa, Larry McCray, Alex Lifeson, Todd Rundgren, Carolyn Wonderland, et Steven Van Zandt. Rien que ça !
Autour d'eux les acolytes habituels du papy du blues - toujours bien fringant d'ailleurs, comme en témoigne son énergie vocale - l'accompagnent, tel le duo rythmique Jay Davenport et Greg Rzab et une section de cuivres donnant un relief particulier à plusieurs titres comme l'introductif 'What Have I Done Wrong" ou 'That's What Love Will Make You Do'. Tout aussi entraînant, 'The Moon Is Full' voit Joe Bonamassa inonder l'espace de son talent et de son feeling. Le fameux guitariste a même signé l'écriture d'un titre de l'album sans y jouer lui-même. Grand seigneur.
C'est Carolyn Wonderland qui se taille la part du lion avec trois apparitions. La fidèle amie de Mayall le suit épisodiquement depuis plusieurs années en tournée ou en studio et sa slide guitar très Chicago blues fait des merveilles autour de compositions emplies de feeling comme 'Distant Lonesome Train' et le groovy 'Delta Hurricane', comme l'est le blues de Mayall.
L'album sera le prétexte a une tournée européenne "85th anniversary" au printemps. “Nobody Told Me” n’est ni le meilleur ni le pire album de l’immense carrière de John Mayall. Il est le blues incarné entre classicisme et modernité, simplicité et efficacité. Ce dernier album est une pierre de plus dans sa construction, une preuve criante que l’artiste écrit et compose dans un seul but, son plaisir, et le nôtre accessoirement. Souhaitons simplement qu'il continue de nous en pondre encore d'aussi bons pendant longtemps.