Originaire de la région toulousaine, Ceylon (prononcer comme "c'est long") est un jeune groupe de rock psyché. Fortement inspiré de la scène californienne des seventies, le quintet s'est forgé une déjà solide réputation dans le sud-ouest de la France et ses prestations sont l'occasion de réunir les amateurs de transe psychédélique.
Son premier EP sorti au printemps nous permet de découvrir une musique organique faite d'instruments authentiques, jusque dans la production, qui nous plonge 40 ans en arrière. Pièce maîtresse de cette première pierre à l'édifice Ceylon, 'Hamlet Hollywood' fait la part belle aux sonorités seventies qu'une basse au son très pur rythme durant les onze minutes que dure le titre. Rappelant le 'The End' des Doors, le titre fleuve lui emprunte l'atmosphère sombre et intrigante ainsi que les guitares aériennes. L'effet est accentué par l'archet utilisé pour peindre une ambiance orientale. Dans la même veine, 'We Cry' et son outro complètent cette empreinte psyché qui ravira les inconditionnels de Jim Morrison et consorts.
Mais Ceylon, c'est également une mixité vocale qui fonctionne particulièrement bien entre Louise Holt à l'excentricité contenue et un Tristan Chevalier, compositeur principal, guitariste et chanteur des textes anglais sur l'opus. Si les puristes lui reprocheront un accent quelque peu teinté de french touch, sa prestation transpire l'authenticité et l'émotion par la clarté de son timbre. Le duo est d'une efficacité remarquable sur le titre d'ouverture 'Ceybon', mix seventies dansant au refrain enivrant de légèreté et d'entrain ("Ça c'est bon ça, d'aller danser"). L'oud de Lucas Prêleur et les percussions originales y apportent également une touche orientale délicieuse d'exotisme. Mais Ceylon ne se cantonne pas à ces banderilles et rappelle avec 'Maraiées Mortes' (non, il n'y a pas de faute de frappe), qu'il s'est constitué un univers bien à lui dans le domaine de la transe psyché et que ses prestations scéniques faites d'improvisations et de délires psychédéliques peuvent accoucher de moments de grâce à vous en faire tourner la tête.
Si les mauvaises langues argueront que le groupe a 40 ans de retard, les amateurs de musique originale entre jazz psyché, world, rock indépendant et chanson française pourraient bien être frustrés par un EP de seulement 33 minutes. Mais la densité du propos, le voyage proposé et l'extrême authenticité de ce tout jeune combo laissent entrevoir un avenir bien plus joyeux. Quand on sait que Ceylon est un groupe de scène et que de nombreuses nouvelles idées y foisonnent sans cesse, il ne serait pas étonnant d'entendre parler de lui à nouveau dans les mois qui viennent, et nous serons là pour le rappeler à votre bon souvenir.