Groupe récemment sorti des grandes plaines de l'Alberta, Red Cain nous invite, au travers de son premier album, à s'immerger dans un metal mélodique puissant et moderne qui fait souffler un vent nouveau sur un genre un peu en perte de vitesse par trop de clones.
Autant le dire tout de suite : ce "Kindred: Act 1" regorge de qualités mais s'adresse aux mélomanes que la densité et la complexité n'effraie pas, surtout concernant les structures et mélodies dont la variété rend assez illisible le chemin qu'empruntent les Canadiens. Le fond sonore est volontiers saturé de guitares puissantes et de nappes de claviers. De ce maelström somme toute très mélodique ressort un chant qui s'adapte merveilleusement à la tonalité musicale. Il peut faire penser à Hansi Kursch (Blind Guardian) ou Matt Barlow (ex-Iced Earth) pour le plus véhément comme à Tommy Karevik (Kamelot) en matière de subtilité mélodique.
Mais la fabuleuse voix d'Evgeniy Zayarny n'est pas le seul attrait de Red Cain. En effet, derrière un metal mélodique puissant se révèlent des influences bien plus techniques voire progressives à la Tesseract ou Symphony X, tous deux cités par le groupe, au même titre que Steven Wilson, Alter Bridge ou Opeth. C'est dire la largeur de l'éventail derrière lequel s'abritent nos amis pour laisser voguer leur créativité et leur inspiration. Cependant, ce n'est clairement pas dans le registre progressif que souhaite s'inscrire Red Cain qui cultive plutôt l'alliage traditionnel du metal des origines, à la fois puissant, très sonore (bruyant diront les détracteurs) et accessible pour s'adresser au plus grand nombre. C'est en quelque sorte ce retour aux sources revu à la mode 2019 que le groupe cherche à explorer. Ne fuyant pas derrière les bruitages façon metal indus ('Juliet'), les natifs de Cagliary ne se posent aucune limite et c'est tant mieux.
Après une première partie d'album assez tonitruante, la diversité prend toute sa place dans des rythmiques syncopées et ancrées dans une tonalité des plus graves et ronflantes. Le groove est ainsi une caractéristique supplémentaire que l'on peut identifier pour qualifier Red Cain.
Il n'est pas si évident de suivre la trajectoire de Red Cain qui touche un peu à tout en gardant une densité et une puissance qui sont la marque de fabrique de ce premier bel album. On lui reprochera certainement sa trop courte durée (39 minutes) et un côté quelque peu brouillon par moments mais on a bel et bien affaire à un album susceptible de mettre sur de bons rails un groupe au talent indéniable.