Umae a tout d’un groupe atypique. En février 2017, trois hommes se rencontrent à l’occasion d’un festival. Malgré leurs nationalités différentes, les compères décident alors de fonder un groupe : Umae. Anthony Cliplef (guitare, chant) embarque alors pour l’Islande, pays du chanteur et guitariste Guðjón Sveinsson, et le duo commence à travailler sur des chansons envoyées sous la forme de démos à Samy-George Salib qui y appose sa batterie. Le trio est alors formé.
Et le moins que l’on puisse dire est que le combo de rock progressif international a vu les choses en grand comme en témoigne la liste des invités présents sur l’album. Ainsi, Eric Gillette (Neal Morse Band), Conner Green (Haken), Adam Holzman (Steven Wilson) ou encore John Wesley (Porcupine Tree) jouent sur les douze titres de l’album. Et pour enfoncer le clou, l’album a été mixé et mastérisé par Jens Bogren en personne ! Nul doute que tout cela aura fait parler de la formation sur la toile.
Après l’instrumental apaisant ‘Recrudescence’, rappelant le défunt Unitopia, c’est le moment pour ’Turn Back Time’ de démarrer. Anthony Clipef a affirmé avoir été influencé par l’excellent "The Whirlwind" de Transatlantic au moment d’écrire ce long morceau, il y a dix ans de cela. ‘Turn Back Time’ est sans aucun doute l’un des temps forts du disque, avec sa progression bien amenée, son thème présent au début et à la fin du morceau, ses solos de guitare riches en émotions rappelant ceux d’un John Petrucci de Dream Theater qui ne ferait pas dans la démonstration. Le début de l’album confirme sa réussite avec ‘Echo’, autre single paru avant la sortie de l’album. Le groupe y ajoute une dimension jazzy et un refrain catchy et bien trouvé dans un format plus condensé et immédiat.
On retrouve aussi de belles progresssions sur le très jazzy ‘Onerous’, du metal progressif à tendance math rock dans ‘Losing Grip’, un piano seul et envoûtant sur ‘By Myself’, prouvant que cet Umae est déjà très polyvalent. La pépite du disque arrive en fin de parcours, avec le somptueux ‘Drift’. Le morceau est simple, mais tellement bien fait ! Le refrain à deux voix propose des enchaînements d’accords bien sentis et pourtant peu habituels. Au moment du final ponctué d’un excellent solo de saxophone, on côtoie même la stratosphère tant l’on touche au grandiose.
Mais en dehors de ces morceaux, la qualité n’est pas toujours constante. Après un bon début d’album, l’intérêt retombe quelque peu en deuxième partie du titre ‘Onerous’ qui s’embarque dans une ambiance instrumentale un peu trop longue. Dans le même registre, ‘By Myself’ propose quelques très bonnes idées, avec un côté The Pineapple Thief intéressant et une atmosphère des plus mystérieuses. Peinant à se lancer, la chanson aurait pu être amputée de quelques sections pour redynamiser son écoute. Un certain nombre de titres sont plutôt agréables en soi (‘Running Away’, ‘Hold On’, ‘Shame’) mais ne présentent pas les qualités des morceaux évoqués précédemment. On finira tout de même sur une bonne note avec un beau solo de guitare couronné d’une ambiance symphonique sur ‘Let Go’ qui clôt l’opus.
Pour un premier album, "Lost In The View" n’en demeure pas moins encourageant et prometteur. La présence de guests cinq étoiles aura permis au groupe de bénéficier d’une visibilité considérable dans la sphère progressive, une visibilité méritée qui devrait attirer les curieux et aider la formation à se constituer un public. Maintenant, attendons le deuxième album pour confirmer !