Captain Obvious pourrait être le nom d'un nouveau super héros de Marvel ou DC Comics mais il n'en est rien. C'est surtout une expression ironique, un nom donné à une personne qui tient des propos manifestement évidents, en d'autres termes une lapalissade. Mais Captain Lapalissade était sans doute moins évident à porter pour un groupe que Captain Obvious.
C'est dans les studios de Sputnik Sound (The Inspector Cluzo, The Raconteurs, Black Rebel Motorcycle Club) à Nashville que "Let It Burn" a été enregistré puis mixé par nul autre que Brian Lucey (Royal Blood, The Black Keys, Arctic Monkeys). La volonté du groupe était sans doute de s'imprégner au plus près de l'ambiance rock américaine dont il se réclame. La première écoute des cinq titres confirme cette impression. Captain Obvious propose un rock mis à nu et donc dans son plus simple appareil jusque dans le son très garage. Revenir à l'essence même du style se révèle une démarche authentique et respectueuse des influences revendiquées telles que Rage Against The Machine ou Beastie Boys.
Le titre éponyme par lequel débute l'EP insuffle d'emblée cet esprit sulfureux sur un rythme qui semble légèrement ralenti, bâti sur une rythmique martiale qu'accompagne une guitare bien grasse. 'Head' qui prend le relais va un peu plus loin dans l'expérience vintage avec ces couplets dans lequel les lignes de chant sont interprétées de manière relativement détachée, avec souvent de l'écho qui accentue cette impression, contrebalancées par un refrain plus dynamique. La basse joue un rôle plus important sur 'Shadow' en constituant la colonne vertébrale du titre toujours sur un tempo faussement ralenti. L'EP a l'avantage de monter en puissance jusqu'à 'Psycho Dance' dont le riff rend hommage à RATM ('Killing In The Name') avec un chant plus affirmé, plus rappé et plus énergique. Entre temps, l'auditeur sera passé par 'Pop Song' qui tutoie un peu l'esprit punk comme son nom ne l'indique pas avec ses riffs plus agressifs et un refrain qui l'est tout autant.
Première pierre d'un édifice plus grand à venir, ce premier EP à l'orientation assumée d'une recherche d'authenticité est une jolie claque qui plaira aux aficionados d'un style dépouillé et ramassé, tant sur le plan des compositions que de l'ambiance sonore réussie. Le groupe ne s’embarrasse d'aucune fioriture électronique et de production et va droit au but en espérant que ce choix, avec un supplément d'âme et de personnalité, lui ouvrira les portes d'un avenir plein de promesses. C'est une évidence.