Le nom de Giancarlo Erra ne vous est peut-être pas familier. Rien de plus normal puisque "Ends" est le premier album à voir le jour avec ce nom d'artiste. Néanmoins, les plus perspicaces auront déjà fait le rapprochement avec le groupe italien Nosound. A l'origine, Nosound était le one-man band de Giancarlo Erra qui ne produira sous cette forme qu'un seul album, "Sol29" (2005). Pour pouvoir jouer sa musique en concert, Erra s'entoure de musiciens qui vont à partir de 2006 transformer le one-man band en groupe à part entière, celui-ci comptant depuis lors à son actif cinq albums et trois EPs.
Mais tenté par une nouvelle expérience, Giancarlo Erra donne jour à un premier album solo uniquement accompagné d'un quatuor à cordes islando-danois. Pas de percussion, pas de guitare et pas de chant, c'est uniquement derrière ses claviers acoustiques et électriques que notre homme nous convie à une balade aussi sombre et austère que sa photo sur la pochette le laisse préfigurer.
Petite énigme à laquelle nous n'avons pas la solution, les titres, s'appelant tous 'Ends' suivi d'un chiffre latin, n'apparaissent pas dans leur ordre numérique. Ainsi, le premier morceau s'intitule 'Ends III', 'Ends I' n'arrivant qu'en troisième position sans que rien ne vienne expliquer la logique de cette disposition. Car de 'Ends I' à 'Ends Coda', tous les titres sont bâtis de la même manière : un tempo lent (Nosound nous avait déjà habitué à cela), un thème cyclique qui déroule ses boucles, installant une profonde mélancolie, et des variations introduites uniquement par l'ajout ou le retrait d'instruments et de subtils effets de crescendo decrescendo. Mieux vaut aimer l'adagio de Barber ou les œuvres d'Arvo Pärt pour pénétrer l'univers de l'artiste italien. Ceux-là seront certainement transportés par la beauté limpide des thèmes et la poignante mélancolie qu'ils dégagent. Les autres risquent de trouver rapidement que l'album s'enlise dans une certaine monotonie.
Néanmoins, la preuve est faite qu'on peut faire beau avec peu de moyens déployés : quelques claviers et un quatuor à cordes, des mélodies squelettiques tournant en boucle, un seul tempo pour tout l'album, un seul thème par titre. Pour peu qu'on soit sensible aux atmosphères mélancoliques, il est facile de se faire piéger par la nostalgique beauté de cet album. Dans le cas inverse, le caractère lancinant et répétitif des mélodies et la monochromie des effets utilisés ennuiera rapidement l'auditeur.