Alors qu'il nous avait jusqu'à présent habitués à une notable régularité, dégoupillant une nouvelle galette tous les deux ans environ, il aura fallu cette fois-ci quatre ans à Enforcer pour se fendre de son cinquième album (en occultant les nombreux splits auxquels il a été associé). Les Suédois ont pris leur temps. Manque d'inspiration, désir de s'accorder un petit break ou volonté de soigner plus que d'habitude leur travail sont autant de raisons qui peuvent expliquer ce délai anormalement long.
Succédant à un "From Beyond" de bonne mémoire, "Zenith" débarque enfin sur nos platines. Malgré un beau visuel et une habileté qui jamais ne déraille, les fans du premier rang en seront pourtant pour leurs frais. Au heavy gentiment speed auquel il est arrimé depuis ses débuts il y a quinze ans, le groupe préfère désormais un heavy tout court bien que sonnant toujours authentiquement années 80. Il n'est donc pas évident que tout le monde se retrouve dans ces chœurs fédérateurs ou ces envolées que ne renierait pas le Malmsteen de l'âge d'or, comme l'illustre 'One Thousand Years Of Darkness'.
S'il leur arrive encore de mordre, témoins les véloces 'Searching For You' et 'Thunder And Well', Olof Wikstrand et ses compagnons ont incontestablement dilué leur speed ravageur dans un metal plus lisse, plus propre aussi, au point de les rapprocher de Scorpions ('Die For The Devil') voire pourquoi pas de Stryper ! Cela fait-il pour autant de "Zenith" une déception ? Que nenni. En diversifiant son propos sans toutefois perdre en cohérence, Enforcer surprend même agréablement, comme lorsqu'il braconne sur les terres pesantes de Dio à l'occasion d'un 'Zenith Of The Black Sun' aussi épique que plombé.
La ballade 'Regrets' et le candide 'Forever We Worhip The Dark' démontrent quant à eux que l'émotion et une certaine forme de douceur siéent parfaitement aux Suédois, cependant que 'Sail On' trotte tranquillement, guidé par des guitares complices. Si long de près de sept minutes, 'Ode To Breath' aurait sans doute mérité quelques coups de ciseaux, au moins participe-t-il de cette velléité d'émancipation sinon de maturité qui résume cet opus.
Celui-ci n'est sans doute pas le zénith des Scandinaves mais il confirme que ses auteurs, à défaut d'être novateurs, font preuve d'une maîtrise imparable doublée d'une assurance sans faille.