Caravela Escarlate est un groupe qui nous vient du Brésil, petite originalité tant les groupes de rock progressifs sud-américains sont rares. Fondé en 2011 par David Paiva, la formation évolue en trio, Paiva aux chant, basse et guitares, entouré de Ronaldo Rodrigues aux claviers et Elcio Cáfaro à la batterie, et joue un rock progressif symphonique inspiré des années 70.
Après une telle définition, impossible de ne pas penser aux maîtres du genre, Emerson, Lake & Palmer. Pourtant, à l'écoute de l'album, les influences se trouvent plus chez les Japonais de Gerard, les Allemands d'Eloy ou les Espagnols de Galadriel. Très cosmopolite donc ! Caravela Escarlate partage avec ces trois groupes des compositions enlevées axées sur la mélodie, aériennes voire spatiales, s'appuyant fortement sur une armada de claviers vintage avec de longues plages instrumentales… mais aussi une certaine fadeur.
Pourtant les musiciens mettent du cœur à l'ouvrage, à commencer par Ronaldo Rodrigues qui se démène comme un beau diable derrière ses pianos, Moog, Mellotron, Hammond, orgues et synthés (aux sonorités parfois datées) omniprésents. Si les guitares sont très discrètes, le jeu de basse de David Paiva apporte une certaine rondeur. Malheureusement sa voix très quelconque ne véhicule aucun sentiment et s'avère l'un des points faibles de l'album. Enfin le jeu d'Elcio Cáfaro est étouffé par une production très plate ne permettant pas d'insuffler le dynamisme voulu à des compositions qui auraient mérité un coup de pouce.
Car si les titres sont volontiers longs, enchaînant de façon assez fluide les transitions entre les différents thèmes parcourus, les mélodies manquent de charisme : tout cela s'écoute gentiment, sans à-coups ni coups de cœur et, l'album fini, rien ne donne vraiment envie d'y revenir. Après un début peu convaincant ('Um Brilho Frágil No Infinito' brouillon, 'Caravela Escarlate' et 'Atmosfera', pop gentillette sans relief ni folie), "Caravela Escarlate" montre son potentiel avec l'intéressant 'Gigantes Da Destruição', fort mal servi par la production, un reproche qui se confirme sur 'Futuro Passado'. L'album se termine mieux qu'il n'avait commencé avec 'Cosmos', instrumental bâti autour de claviers virevoltants utilisant diverses sonorités, et la longue suite 'Planeta-Estrela', bien construite et intéressante de bout en bout hormis les deux minutes consacrées au chant.
Si "Caravela Escarlate" n'est pas d'une écoute désagréable, il est considérablement desservi par une production qui n'insuffle aucun dynamisme. Malgré les qualités évidentes de son claviériste, le groupe n'invente rien de bien neuf et ne possède pas le petit plus qui lui permettrait d'accrocher durablement l'auditeur.