Le duo franco-belge King Child nous avait enthousiasmés avec son premier album "Meredith" sorti fin 2017. Profitant de l’écho généré par ce premier essai réussi, le groupe, qui s’est consolidé avec l’arrivée d’un nouveau musicien, revient un peu plus d’un an après avec un nouvel album intitulé "Leech".
Avant d’entrer dans le contenu à proprement parler il faut signaler que la pochette du disque possède une fois de plus une vraie qualité esthétique et qu’elle est en quelque sorte le complémentaire de la pochette de "Meredith" en termes de couleurs, et cela en accord justement avec un contenu musical globalement plus sombre de "Leech" par rapport à "Meredith". Tout est une question de nuances en réalité car si King Child conserve les fondements de son écriture, avec toujours un fin équilibre entre le synthétique des claviers et des effets modernes et l’organique des instruments classiques et vintage, il fait cette fois-ci pencher sa poésie mélancolique vers plus de pesanteur.
Dans "Meredith" King Child impressionnait par sa capacité à écrire une musique aux grandes vertus de sensualité. Les compositions de "Leech" s’adressent encore plus directement aux sens avec des assemblages harmoniques à la densité supplémentaire (le saxophone du lancinant ‘Carnival’, le foisonnement d’effets sonores de ‘Maxillary Dysfunction’) et des développements plus énigmatiques dans lesquels la tension est très palpable (‘Leech’,‘Carnival’ et ‘Big Brother’). En symbiose avec la musique et pour amplifier la force de certains passages, le chant de Quentin Hoogaert a gagné en relief en ajoutant à sa palette déjà étendue la percussion (‘The Man In The House’) et le souffle ensorceleur (‘Carnival’ et ‘Big Brother’).
Encore une fois le charme opère. En une petite trentaine de minutes King Child démontre un sens de la composition qui s’est affirmé dans l’expression de la perspective et de l’émotion. Toutes ces dimensions existaient déjà dans "Meredith" mais elles étaient mises en retrait par son pouvoir d’attraction pop et son approche immédiate. Dans "Leech" elles atteignent une intensité supérieure.