Prateek Rajagopal n'est probablement pas un nom familier à la plupart des lecteurs de Music Waves. Pourtant ce jeune guitariste indien a fait ses armes au sein de divers groupes durant ces dernières années, un parcours plutôt varié puisqu'il traverse le death metal brutal de Gutslit et le metal expérimental de Chronic Phobia avant de se jeter dans le metal prog atmosphérique de The Minerva Conduct. Fort de ces expériences, Prateek Rajagopal se lance en 2017 dans un projet solo, nom de code Hoia, sortant coup sur coup deux EPs, "Design" et "Iconoclast". Il concrétise aujourd'hui en sortant un (court) album baptisé "Scavenger" dont le fil conducteur traite de sentiments humains comme la nostalgie, la démence, l'anxiété…
Avec Hoia, Prateek Rajagopal s'éloigne des différentes formes de metal qu'il a pratiquées au sein des formations précitées, ne conservant que les aspects expérimentaux et industriels qu'il mêle à des éléments mi-prog, mi-atmosphériques, le tout saupoudré d'une bonne dose de noirceur. S'il se charge naturellement des parties de guitare, alternant arpèges délicats, solos bien sentis et murs de sons saturés, il endosse également les rôles de claviériste, passant alternativement du piano aux synthés, et de chanteur, la voix s'exprimant souvent sous forme de murmures déformés par des effets.
Si la batterie est tenue par un musicien de studio peu connu, Wojtek Deregowski, la basse est l'apanage du plus célèbre Colin Edwin (Porcupine Tree), également présent sur le dernier album de Tim Bowness qui vient de paraître. Le jeu des deux hommes contribue au rendu sombre et inquiétant de l'album, de même que les nombreux samples et drones qui parsèment "Scavenger". Néanmoins, le côté expérimental reste marginal et les compositions s'appréhendent sans trop de difficulté, conservant des qualités mélodiques appréciables mais parfois inégales.
Ainsi, 'Escape Orb' et 'Scavenger' enchaînent les thèmes, les gimmicks, les passages atmosphériques ou expérimentaux, les breaks, sans vraiment donner l'impression que tout est parfaitement maîtrisé. L'ensemble manque de logique, de fil conducteur, et le trop plein d'idées arrive parfois à lasser la patience de l'auditeur. Souffrant d'un handicap similaire, 'Electric Wizard' aurait probablement été plus convaincant si Hoia s'était contenté de développer les trois premières minutes, très cinématiques, qui nous plongeaient dans le donjon ténébreux d'un sorcier maléfique, plutôt que d’enchaîner passages atmosphériques et boucles lancinantes, procédé trop systématiquement utilisé.
Seul l'instrumental 'Part II' garde sa cohérence de bout en bout, à mi-chemin entre Klaus Schulze et 'Echoes' de Pink Floyd. Malgré de bons moments et des ambiances sombres et souvent inquiétantes très bien rendues, "Scavenger" reste en demi-teinte en se montrant peut-être un peu trop ambitieux.