La sortie du premier album d'Hardline en 1992 – un "Double
Eclipse" encensé par les critiques – fit l'effet d'un coup de canon dans le
petit monde du hard
mélodique. Pensez donc, deux membres de Journey qui
s'associent pour participer à la naissance d'un nouveau combo, voilà qui en
allécha plus d'un. Mais Neal Schon et Dean Castronovo ont quitté le navire
depuis bien des années. Néanmoins, Hardline a depuis, sans ses pierres maîtresses,
continué son petit bonhomme de chemin en sortant quatre opus de
qualité variable entre 2002 - l'année de la réapparition du combo - et 2016.
Trois ans après l'apprécié "Human Nature", voici à vos pieds déposée la nouvelle
offrande du groupe, un "Life" qui ne demande qu'à prendre vie sur vos platines.
Lorsqu'on
évoque le passé d'Hardline, sont plus souvent évoqués les deux monstres
précités que les véritables géniteurs du projet que sont les frères Gioelli,
Joey le guitariste et Johnny le chanteur. Aujourd'hui seul le second est resté
fidèle à sa progéniture. Et c'est heureux tant le monsieur a du talent.
Accompagné à nouveau aux claviers par un Alessandro Del
Vecchio qu'on ne présente plus – cet homme-là aurait il acquis le don
d'ubiquité ? - et la bassiste Anna Portalupi, il accueille sur ce sixième album
deux nouveaux compagnons de voyage, dont un certain Mario Percudani à la
six-cordes de qui nous aurons l'occasion de reparler.
De
hard rock mélodique il est ici question bien entendu. Un hard rock US joué
uniquement par des Italiens. Voilà qui est nouveau pour Hardline, comme de
mettre un tigre dans son moteur, le combo n'ayant jamais en effet mis autant de
punch dans ses propos. Dès les premières notes de 'Place To Call Home' on se dit
que la nouvelle équipe a décidé de nous en boucher un coin. La production, et
il en sera ainsi tout au long de l'œuvre - merci monsieur Del Vecchio -
renforce l'impact de ce titre qui nous ramène avec évidence vers Whitesnake. La
suite est au diapason avec notamment un 'Take A Chance' entraînant qui nous
rappelle que l'œuvre de Slaughter a laissé des traces, un 'Helio's Sun' des plus
porteurs ou un 'Chameleon' qui flirte avec Whitesnake et Extreme.
La
qualité mélodique est souvent présente, particulièrement avec le sensationnel 'Out Of Time' qui gagne haut la main le titre du morceau le plus FM de la galette.
Elle est aussi une constante dans les pistes les plus calmes de ce "Life". Elles
sont au nombre de quatre, ce qui pourrait s'avérer ennuyeux pour un opus de
hard rock. Mais qu'on se le dise, ce penchant pour le calme n'est point ici une
faute de goût. En effet, que ce soit 'Page Of Your Life', power ballade avec
piano, 'This Love' qui évoque de manière hallucinante Gotthard, et l'acoustique 'My Friend' qui s'en rapproche tout autant, nous avons affaire ici à du nanan.
Portée
par des chœurs aussi savamment dosés que les interventions des claviers (rare
est le hard mélo où ils ne dévorent pas l'espace) grâce auxquels le Rainbow des 80's vient nous rendre une petite visite, un guitariste du tonnerre de
Zeus aussi performant dans ses rythmiques claquantes que ses soli d'une qualité
bien supérieure à la moyenne – Neal Schon n'est vraiment pas loin - la troupe de Gioelli réussit vraisemblablement ici son meilleur album. Hardline vient à n'en
pas douter d'atteindre sa maturité avec ce sixième opus, tant le groupe parait
sûr de ses forces, au point d'avoir l'aplomb d'oser reprendre le sensationnel 'Who Wants To Live Forever' de Queen et de s'en sortir royalement.
Amateurs
de hard rock US mélodique, laissez-vous tenter par cet album abouti. Vous ne le regretterez pas. Prenez garde toutefois à écouter plusieurs fois cet opus avant de porter un avis sur l'objet. En effet, les compositions ne livrent leurs secrets qu'au bout de plusieurs écoutes. Alors, ne faites pas que survoler, prenez le temps d'amerrir et de vous laisser malmener et bercer par les flots capricieux.