2019 sera décidément marqué du sceau des retours avec notamment ceux de Tool ou de Galaad qui se profilent à l'horizon. Et l'un des retours au premier plan cette année est celui d'Alan Parsons qui n'avait plus sorti d'album depuis près de quinze années bien trop longues pour les fans du sorcier des consoles de mixage. Le dernier disque en date était "A Valid Path" qui contenait beaucoup d'expérimentations électroniques et n'avait pas su rencontrer totalement son public faute de bons retours de la presse musicale.
Pour autant, Alan n'a pas été totalement inactif, se concentrant sur ce qu'il sait faire, c'est-à-dire la production et le travail d'ingénieur du son, notamment en participant entre autres à "The Raven That Refused To Sing (And Other Stories)" de Steven Wilson. Courant 2018, le label Frontiers Music a eu la bonne idée de prendre contact avec Alan afin d'évoquer l'idée d'un nouvel album, relançant ainsi son inspiration quelque peu en sommeil. Et quel thème plus propice que la magie pour concevoir ce nouveau projet ? Il faut dire que Alan est un fan de l'art des illusions - il fait partie notamment du Castle Magic de Los Angeles et pratique lui-même la prestidigitation.
"The Secret", aidé par une pléiade d'invités prestigieux, marque indéniablement un retour à des compositions exemptes de tous les hasardeux errements électroniques qui parsemaient "A Valid Path" en adoptant un aspect symphonique plus prononcé, comme en témoigne le bien nommé 'The Sorcerer's Apprentice' arrangé à la sauce Parsons aidé par le CMG Music Recording Orchestra d'Hollywood. La basse de Nathan East (Eric Clapton) apporte à ce morceau d'obédience classique une nouvelle dimension rythmique presque heavy qui souligne la ligne mélodique principale interprétée par Steve Hackett. Mais l'intérêt du titre est l'intervention de Jake Shimabukuro avec son ukulele qui apporte une touche surprenante au morceau orchestral.
Après cette ouverture grandiloquente qui colle parfaitement au thème, l'auditeur retrouve la pop classieuse qui fait le charme des compositions d'Alan Parsons avec notamment 'Miracle' chanté par Jason Mraz qui se fait l'écho du classique 'Eye In The Sky' sans avoir la même intensité que son ainé. Ainsi l'album renoue indéniablement avec les travaux symphonico-pop que le compositeur pouvait proposer dans son Alan Parsons Project notamment dans le très beau 'As Lights Fall' avec sa rafraichissante rythmique très 80's . Cette fusion est bien plus présente dans 'One Note Symphony' avec ses cordes qui constituent l'ossature mélodique, un chant robotique et des samples issus de discussions ayant eu lieu en interne à la Nasa.
Alan Parsons n'est pas un monstre de technique et privilégie avant tout la mélodie accessible, au risque parfois d'être un peu trop cliché comme dans 'Sometimes' qui pourrait constituer la bande originale du plus typique film romantique des années 80. Il démontre cependant tout son talent de mélodiste dans des titres évoquant les Beatles ('Fly To Me'), ou bien plus consistants avec des lignes de saxophone moins surjouées qui apportent un peu plus de relief aux morceaux ('Requiem', 'Years Of Glory)
"The Secret" est un album qui, malgré ses petits défauts, fera plaisir aux fans de la première heure d'Alan Parsons (Project) qui délaisse les expérimentations électroniques pour revenir à des mélodies plus organiques, à une pop classieuse teintée de symphonique renouant avec son glorieux passé sans pour autant atteindre la même grandeur.