Aenimus est une formation originaire de San Francisco qui construit une musique entre death technique, metal progressif et passages évanescents. Depuis sa création, elle n’a pas déchaîné les passions, son premier essai (“Transcend Reality”) ayant été jugé trop convenu. Aujourd'hui les Américains proposent “Dreamcatcher” qui pourrait imprimer l'essence de ses rêves dans un paysage onirique protéiforme, car entre guitares intenses, passages aériens et vocalises douces-amères, la formation marche sur les traces des illustres Ne Obliviscaris, Fallujah ou Intronaut.
Ce sont les moments de folle technique qui différencient l’opus, comme ‘The Dark Triad’ et sa guitare sublime ou ‘Between Iron and Silver’ à l'émotion transparente et à la voix claire digne de Scar Symmetry. Certains instants poussent à une rêverie angoissée car le voyage est sombre (‘Second Sight’). La piste éponyme quant à elle débouche sur une plénitude rassurante gorgée de cordes emphatiques, de guitare ahurissante et d'arpèges angéliques.
L’élément central de la rondelle est le contraste entre le doux et l’amer. Ces deux facettes sont présentes quand les voix claires et criardes s’épousent (‘Eternal’, ‘The Ritual’ ou ‘The Overlook’) ou quand le brasier humide se mêle aux passages limpides. Dès ses premières mesures (‘Before The Eons’), l’opus impose ainsi des accélérations épileptiques, des passages écrasants, même si la tendresse revient rapidement grâce à une six-cordes dépouillée et une basse solitaire digne du jazz.
Même si “Dreamcatcher” est riche, obscur et imprégné de clarté, il aurait dû s’aventurer vers des contrées inexplorées. Il est ainsi une déception, car même excellemment bien joué et par moments étourdissant, lisse, émouvant ou froid, il n'arrive pas à imposer sa forte identité... Dès lors contrairement à l'attrape-rêves de sa pochette, l'album peine à piéger ses humeurs sombres dans les filets de ses digressions musicales.