''On ne s'ennuie pas à Limoges'' disait un jour en substance Eddy Mitchell à un Laurent Ruquier taquin. Loaded Gun, groupe de Haute-Vienne, semble avoir fait de cette phrase une profession de foi. Pourtant c'est bien en Seine-et-Marne que le groupe de hard a enregistré son premier EP ''First Round''.
Dès la première piste inaugurale, on sait qu'on vient d'embarquer dans un drôle de train d'enfer. 'Stay On Me' déboule tous azimuts. La voix éraillée du dénommé Max, compagnon éthylique de nos soirées les plus liquides, beugle dans un anglais approximatif et étrangement dénué de puissance. Quelques poncifs du hard avec riff qui se ralentit pour reprendre de vitesse et répétition ad nauseam du titre pourront agacer. Mais miracle, les chœurs reprennent à l'unisson le refrain et un solo cool de guitare vient conclure ce morceau qui n'a pour vocation que d'ouvrir le débat.
Malgré cette première mauvaise approche, la suite promet d'être jouissive. Le nerveux 'Dirty Night' donne le tournis et la voix de Max se fait beaucoup plus menaçante. On se surprend à tendre l'oreille pour écouter ce que cette bouche sulfureuse veut nous transmettre. Le bien nommé 'Bitch' repose sur une mécanique bien huilée où la guitare et Max tournoient autour des hémisphères de l'auditeur piégé. Sur 'Sacrifice', on sourit en écoutant cette voix qui growle effrontément, mais les rythmiques chaloupées de guitare nous refroidissent : c'est bien à l'auditeur qu'on s'adresse. 'El Doggo' - hommage à une salle limougeaude où Loaded Gun a déchargé pour la première fois - retrouve l'esprit fédérateur du premier titre, mais la redoutable ligne de guitare et la parenthèse finale viennent à nouveau dérouter.
Loaded Gun n'est pas un gardien du dogme du son hard rock, en revanche sa coolitude et la voix pocharde de son chanteur lui permettent de nous offrir une belle balade dans une impasse sombre. En 23 minutes, le programme est bouclé et répond aux attentes. Loaded Gun est un groupe au sens tragi-comique : l'auditeur peut bien rire aux premiers instants d'écoute, mais comprend bien vite que le rire se retourne contre lui et qu'il est lui-même le jouet d'un sacré psychopathe rock 'n' roll. Si un remake d' "Orange Mécanique" devait voir le jour, nul doute qu'Alex serait incarné par Max.