Pour un groupe qui avait une date de péremption de cinq mois après sa création, on peut dire que les Rescue Rangers ont la vie dure et qu'avec trois albums et un EP, leur consommation est encore sans danger. Après moult mouvements et une pause de 5 ans entre "Manitoba" (2012) et "Join Hate" (2017), le groupe revient assez vite avec son nouvel album "Divisive" à la pochette pourpre profond (l'indice d'une évolution ?).
Le groupe propose onze titres ramassés qui dépassent rarement les trois minutes et qui en mettent donc plein la vue en visant l'efficacité comme le très entêtant 'Delicious & Refreshing' qui porte bien son nom. Fort d'une solide ossature basse / batterie / guitare, les thèmes se développent autour d'une rythmique qui tabasse et matraque les riffs secs de la six cordes. Pour rassurer les amateurs, certains marqueurs sont toujours là avec cette pointe hardcore qui colore 'Authority', titre magnifiquement exutoire. Le groupe pousse plus loin le travail entamé dans le précédent album en développant une relative accessibilité grâce à des compos au timbre rock US nerveux ('Easy on The Eyes (Ice Cream)') au refrain d'une redoutable efficacité.
Si la variété peut constituer la force de cet album qui fait le va-et-vient (en tout bien tout honneur) entre expérimentations sonores sombres et violentes (le terrifiant 'Peachy Boys') et morceaux plus rock dans le sens noble du terme ('Concrete City'), elle peut aussi conduire à faire perdre le fil au fan par manque d'une relative cohérence, et donc au final diviser. Toutefois, l'un des points pouvant faire la quasi unanimité est que le trio met du cœur à l'ouvrage, comme toujours, avec Pascal au chant qui éructe comme jamais (dans l'esprit de Ian Gillan) et progresse en variant ses techniques au gré des styles avec une belle aisance, accompagné des frères Martinez qui bâtissent autour de lui une structure rythmique solide.
Plus que le précédent, "Divisive" est un album qui divisera par le choix d'une variété assumée mais qui dans le même temps ose quelques belles expérimentations et recherches sonores, tout en affirmant encore plus la personnalité d'un groupe qui s'émancipe quelque peu de ses influences (Kyuss, Therapy, Queens Of The Stone Age).