Derrière ce mystérieux patronyme qui fleure bon les sonorités fantasy se dissimule un trio parisien. Ojal réalise son deuxième EP intitulé 'Taking Notes' et à l'image de sa sublime pochette, l'écoute ce disque promet une belle aventure à vivre sous un soleil rouge.
L'auditeur qui pénètre dans cette caverne encore inexplorée tombe en plein milieu d'une cérémonie occulte. Ojal a en sa possession un exemplaire du grimoire maudit du blues (un autre de ses possesseurs était les Doors) et s'applique à nous placer au cœur d'une tempête sonore. Le son est étouffant, des rythmiques stoner tournoient autour des oreilles de l'auditeur. 'Taking Notes' qui ouvre l'album nous place dans un monde instable où de lancinants arpèges de guitare tutoient la fée électricité. 'Wake Up' aurait pu être une alcôve de paix dans ces paysages tourmentés, mais les guitares semblent prendre un malin plaisir à nous engloutir dans une boucle sonore.
Un accent français parfois très prononcé aurait pu déclencher quelques rires et nous rebuter. Mais à l'instar de The Sleeping Village Orchestra, le charme opère et la voix révèle son magnétisme étrange, nous invitant à suivre ces hululements (on pense parfois à Certain General). Plutôt que d'évoquer des civilisations englouties et des monstres antédiluviens, le chamane Zaar compose des thèmes très contemporains. 'Lucky Goat' parle de notre servitude volontaire et du voyeurisme morbide, ''Taking Notes' de notre besoin de créer face à un monde indifférent ou encore 'Wake Up' de nos problèmes de sommeil.
Parfois, la voix cède le pas et Ojal tente quelques incartades instrumentales : 'Lucky Goat' et son alunissage mouvementé ou encore le solo de guitare jouissif de 'Confrontation'. Est-ce à dire qu' Ojal ne nous a seulement dévoilé qu'une infime partie de son potentiel ?
''Taking Notes'', deuxième EP d'Ojal, est une aventure sonore. Les rythmiques stoner et blues s'harmonisent à merveille, les mélodies sont mélancoliques mais jamais plombantes. Au contraire, à l'écoute de la voix de Zaar, nous avons l'impression de nous régénérer, comme si un bon coup de blues pouvait faire fondre toutes nos angoisses. Ojal, souvenez-vous de ce nom, n'a cessé de prendre des notes pour construire un vaisseau mélodique digne de ce nom.