En seulement quatre albums, Myrath s'est construit un univers musical unique et les sorties d'albums sont attendues avec impatience. Cinquième effort des Franco-Tunisiens, "Shehili" ne déroge pas à la règle et les quelques extraits dévoilés sur les plate-formes vidéo nous ont mis l'eau à la bouche.
Ce sont pas moins de trois producteurs qui sont aux manettes cette année avec Kevin Codfert (pianiste de Adagio), Jens Borgen (qu'on ne présente plus) et Eike Freese (Deep Purple) qui s'est occupé des percussions. Son travail se remarque d'ailleurs immédiatement tant la batterie est puissante et les percussions traditionnelles sont claires et subtiles à la fois.
Ce mélange d'éléments metal et d'harmonies orientales, marque de fabrique du groupe depuis ses débuts, prend aujourd'hui une nouvelle ampleur avec deux titres chantés partiellement en arabe, 'Lili Twil' et 'Mersal'. Le premier est une chanson traditionnelle marocaine des Frères Mégri (1971) alors que la seconde voit Lofti Bouchnak partager le chant avec Zaher Zorgati. Un mot également sur l'introductif 'Asl', magnifique poème dédié au vent Shehili dont l'album tire son nom.
Les autres titres sont beaucoup plus heavy et présentent une caractéristique commune remarquable : ce sont tous des hits en puissance. La faculté de Myrath à pondre des mélodies imparables est à son paroxysme aujourd'hui. Si les déjà dévoilés en vidéo 'Dance' et 'No Holding Back' ont donné un aperçu de cette propension à distiller des tubes en rafale, les autres ne sont pas en reste et proposent tous des mélodies immédiates soutenues par ces claviers enveloppants qui apportent cette touche orientale si caractéristique. Ce ne sont pas moins de huit titres qui sont directement issus de cette "science" de l'écriture dont les mélodies s'installeront dans vos cerveaux même de longues heures après l'écoute.
Techniquement, l'album arrive à un niveau que les Franco-Tunisiens n'avaient encore jamais atteint avec un Morgan Berthet impressionnant derrière ses fûts et un Malek Ben Arbia dont les solos virevoltants et savamment dosés s'intègrent à merveille au cœur de chacune des douze pièces de cet enivrant "Shehili". Ajoutez à cela un chanteur en état de grâce, des arrangements d'une grande finesse, un orchestre national de Maroc aux violons parfaits et une production impressionnante et vous obtenez ce que tout le monde attendait d'un album de Myrath.
Même s'il contient toujours les codes sonores du metal progressif, "Shehili" se caractérise beaucoup plus par une puissance mélodique extraordinaire alliée à des éléments traditionnels orientaux toujours mieux intégrés. Ce savant mélange fait dire au chanteur Zaher Zorgati que le style de Myrath a évolué vers un "Blazing Desert Metal", le metal flamboyant du désert, une appellation que nous ne pouvons qu'approuver en espérant qu'ils y soient rejoints par de nombreux adeptes. Même s'il est ouvertement plus accessible, visant un public plus large, "Shehili" est plus que l'album de la maturité pour Myrath, c'est une des plus belles réalisations du metal mélodique de ces dernières années.