Y aura-t-il une suite à "Under Stars" pour le projet Lonely Robot mené par John Mitchell ? Présenté comme le volet final de la trilogie entamée en 2015 avec "Please Come Home" et poursuivi en 2017 avec "The Big Dream", cet ultime épisode des aventures spatiales du guitariste/chanteur/producteur semble dans tous les cas signer la fin du personnage "The Astronaut" et effectue un retour sur Terre, se préoccupant de sujets aussi divers que l'addiction de notre jeunesse aux nouvelles technologies ou s'interrogeant sur la pérennité de l'étoile qui nous offre ses rayons pleins de vie chaque jour.
Nous n'étonnerons aucun de nos lecteurs en précisant d'emblée que le style de cette nouvelle production se situe dans la mouvance néo-progressive / prog FM chère à John Mitchell, distillée par son talent dans toutes les formations où il est intervenu jusqu'à ce jour. Seul aux commandes de Lonely Robot et simplement accompagné par Craig Blundell (Steve Hackett, Steven Wilson…) derrière les fûts et Steve Vantsis (Fish) à la basse sur une moitié des titres, notre homme à tout faire nous propose onze morceaux tous plus mélodiques les uns que les autres, concoctés avec un souci permanent du détail, les arrangements créant des atmosphères littéralement envoûtantes.
Véritable fil rouge, le piano s'invite régulièrement en arrière-plan de nombreux titres, que ce soit dans les parties acoustiques ('How Bright is the Sun') mais aussi en soutien des passages très électriques ('Ancient Ascendant') ou lors des refrains tous plus catchy les uns que les autres ('Icarus'). Ces derniers renvoient d'ailleurs régulièrement vers le meilleur d'Asia voire parfois d'Ultravox, tant leur propension est grande à illuminer chacun des titres et à s'incruster dans la tête de l'auditeur ('Icarus', 'The Only Time I Don't Belong is Now'…).
La touche progressive est apportée par des breaks instrumentaux réguliers, portés par des guitares tranchantes et quelques soli de claviers bien sentis, mais également par une utilisation régulière de rythmiques syncopées où l'on retrouve tout l'apport d'un duo basse/batterie de haute volée. Et on portera au crédit de John Mitchell de ne pas se mettre outre mesure en valeur avec sa six-cordes, ses interventions solo restant finalement assez limitées, mais toujours judicieuses. Le tout est délivré par une production magnifique, toute en finesse, pleine de clarté, mettant en valeur aussi bien les instruments que la voix légèrement rauque de John Mitchell, soulignant encore un peu plus le caractère très accessible des 50 minutes ici proposées.
A ceux qui ne verraient dans cette production qu'un nouvel album de néo-progressif sans originalité particulière, nous répondrons qu'en l'occurrence, c'est comme pour les chasseurs : il y a les vrais artistes, ceux qui déclenchent des émotions et suscitent de l'intérêt, et les mauvais. Incontestablement, John Mitchell évolue dans la première catégorie et si effectivement, l'auditeur en recherche de structures alambiquées et torturées passera son chemin sans regret, les amateurs du genre se régaleront une nouvelle fois.