Six ans après sa création, Black Star Riders, digne descendant de Thin Lizzy dont il émane, a bien grandi et peut être fier des trois albums
qu'il nous a proposés depuis ses débuts. Le dernier en date - un "Heavy Fire" qui connut son petit succès - est venu nous titiller les
pavillons auditifs au début de l'année 2017. Autant dire que nous
commencions à nous impatienter de poser une oreille sur son petit
frère. Aussi quelle ne fût pas notre joie d'apprendre
que cet "Another State Of Grace" viendrait charmer nos tympans en cette
année 2019.
N’y allons pas par quatre chemins. Cet opus des BSR est le plus bel objet musical
que les potes à Gorham aient sorti depuis leur apparition. A propos
de camarades, le line-up a connu ici quelques mouvements de
personnel. Exit Jimmy DeGrassio que remplace, à la batterie, un Chad
Szeliga issu de Black Label Society, tout comme Damon Johnson à qui
succède à la guitare un Christian Martucci tout droit sorti de
Stone Sour. Pour le reste, et c'est finalement l'essentiel, les
piliers soutiennent toujours l'édifice puisque restent fidèles au
poste Scott Gorham - celui qui permet au son de Thin Lizzy de
survivre - et Ricky Warwick - celui dont la voix rappelle
tant le regretté Phil Lynott.
Cet "Another State Of Grace" ne tarde pas plus d'une seconde à nous ramener vers le dinosaure.
Dès les premières mesures de 'Tonight The Moonlight Let Me Down', on
croirait remonter le temps vers le début des 80's et l'opus "Black Rose". Un maelström de guitares, de mélodies et un final porté
par un saxo bondissant laissent pantois et frissonnant l’auditeur dans
l'attente compulsive du titre suivant que l'on espère du même
acabit. Et contre toute attente, le morceau suivant est... encore plus
remarquable ! Le titre éponyme du nouveau rejeton est tout
bonnement hymnique comme pourrait l'être un 'Over The Hills And Far
Away' du regretté Gary Moore, qui a été lui aussi compagnon de route de Lynott. 'Ain't
The End Of The World' tonitrue à sa suite et le solo de Gorham,
fluide comme un retour à la source, achève l’œuvre de la plus
belle des façons.
Sept autres partitions
complètent cet "Another State Of Grace", il serait fastidieux de
toutes les déposer, en les glorifiant, au pied de la statue du père
Phil. Et pourtant elles le mériteraient, car 'Soldier In The Ghetto' - qui n'a pas fini d'être scandé à tue-tête ! - aurait fait frémir de nostalgie le père de 'Military Man' et la ballade 'Why Do
You Love Your Guns ?' aurait probablement entraîné ses larmes de ne
pas être là pour pousser la ritournelle aux côtés de son ancien
camarade de jeu.
Ceux qui ont
apprécié Thin Lizzy mettront deux genoux à terre à l'écoute
de ce quatrième album de ses héritiers. Quant à ceux qui sont passés à
côté de cet enchanteur combo, ils fonceront les yeux fermés sur cet
excellent opus de hard rock à tendance irlandaise. L'envie de
découvrir l’œuvre de Thin Lizzy ne pourra que les étreindre et ils auront alors comblé un vide insoupçonné dans leur culture musicale.