En voilà un qu’on n’avait pas vu venir ! Les Stray Cats nous avaient régulièrement fait le coup de la reformation exceptionnelle à l’occasion de différents concerts et Slim Jim Phantom rejoignait régulièrement Brian Setzer sur scène lors de certaines tournées du guitariste/chanteur, mais la sortie d’un nouvel opus semblait ne jamais devoir avoir lieu. Pourtant, 26 ans après "Original Cool" (1993), les légendes de Long Island sont de retour avec un album fêtant leurs 40 ans d’existence. Mis en boite avec l’aide de Peter Collins (The Brian Setzer Orchestra, Bon Jovi, Gary Moore...) à la production et Vance Powell au son (Tyler Bryant & The Shakedown, Clutch…), le petit nouveau se nomme tout simplement "40" et il doit d’ores et déjà être inscrit sur la liste des traitements devant être remboursés par la Sécu.
Tout d’abord, il y a cette fontaine de jouvence à laquelle doivent s’abreuver les trois compères qui à 60 ans font preuve d’une énergie positive incroyable. Refrains imparables, hurlements félins, tempi irrésistibles et soli de feu : plusieurs titres semblent tirés du premier opus éponyme des chats errants qui porte pourtant déjà une petite quarantaine d’années au compteur ("Stray Cats" – 1981). Le single ‘Cat Fight (Over Dog Like Me)’ ou ‘Three Time’s A Charm’ n’ont rien à envier à ‘Rock This Town’, alors que ‘I’ve Got Love If You Want It’ voit même Brian Setzer reprendre une partie du solo de ‘Ubangi Stomp’. De son côté, le plus sombre ‘Cry Danger’ nous replonge dans l’ambiance d’un ‘Runaway Boys’ ou d’un ‘Rumble In Brighton’. Plus bluesy mais toujours aussi hâbleur et imparable, ‘Rock It Off’ renvoie quant à lui à l’époque de "Gonna Ball" (1981).
L’autre bienfait de cet opus, c’est sa capacité à sortir de la dépression le fan de doom le plus acharné. Impossible de ne pas continuer à chanter à tue-tête chaque refrain après une ou deux écoutes seulement. Dans le genre, le blues plombé de ‘I Attract Trouble’ vous tourne autour tel un chat fourbe prêt à bondir sur sa proie et ne vous lâche plus une fois qu’il vous tient. Quant aux groovy et bagarreurs ‘That’s Messed Up’ et ‘I’ll Be Looking Out For You’, leurs gimmicks vous obséderont jusque tard dans la nuit pour vous faire hurler au fond de sombres ruelles. Lee Rocker y va de son titre au chant avec un ‘When Nothing’s Going Right’ efficace et ne se prenant pas au sérieux avec son refrain amusant. Rien ne manque à la panoplie des cats qui se fendent également d’un hommage aux Shadows avec l’instrumental ‘Desperado’ qui ne cache pas ses clins d’œil au ‘Apache’ des pionniers britanniques.
Les doigts claquent, les pieds tapent et les sourires sont lumineux tant il est impossible de résister à la vague de bonheur déclenchée par cet album que nous n’attendions plus. Les Stray Cats écrasent directement la concurrence et viennent rappeler qu’ils sont les patrons. Ce n’est pas par hasard qu’ils sont des légendes ni que leur leader est une icône au firmament des guitaristes. Ces mecs ont un groove et une énergie irremplaçables et "40" se révèle finalement bien plus qu’un simple album événement, s’installant directement sur les sommets de la discographie du trio. A ne manquer sous aucun prétexte !