Pour saluer les 20 ans de la naissance de "The Visitor", album préféré des fans de la première heure, Arena leur a fait un beau cadeau : lors de la tournée européenne de 2018, le groupe joue l’œuvre dans son intégralité ! L’évènement a été enregistré et sort l’année suivante sous forme d’un double CD live "The Visitor Revisited".
Pour mémoire, le story-board repose sur les souvenirs d’un gars qui, par défi, essaie de traverser un lac gelé et passe à travers la glace, s’enfonçant progressivement vers la mort. L’opus est un remarquable concept album, avec un fil rouge musical qui relie les titres et des reprises de thème qui scellent une très belle unité. Les cinq membres de l’époque avaient tellement peaufiné le rendu qu’ils en étaient saturés, mais le résultat, 20 ans plus tard, garde le statut de chef-d’œuvre pour Arena.
Depuis, le line-up a évolué, John Jowitt a été remplacé par Kylan Amos qui tient bien sa place, et surtout Paul Manzi a pris le micro sur une prestation qui avait marqué les fans en son temps. Il possède une amplitude vocale et une puissance supérieures à celles de Paul Wrightson, mais délivre une interprétation moins engagée : son chant, de tonalité plus pop, est moins expressif et lisse le relief qu’apporte le scénario. Paul Manzi impressionne par ses qualités vocales, mais il n’est pas (encore ?) un grand interprète que les fans attendaient au tournant sur leur œuvre préférée.
Le rendu global est très correct, très conforme à l’original (donc pas si "revisited" que ça !) : la musique d’Arena est millimétriquement composée et le groupe n’y apporte ici que des modifications cosmétiques, comme dans toutes ses prestations live - l’ajout d’un deuxième solo de guitare sur '(Don’t Forget to) Breathe' est une curiosité que les fans connaissent depuis "Caught in the Act". Le son est propre avec une batterie assez mise en avant, concert oblige, par contre si les synthés sont bien présents, les sons de piano sont plutôt discrets.
Sur le second CD, Arena nous propose un survol assez conventionnel de son répertoire : aucun titre de "Pride" (selon une habitude décidément bien ancrée, à part dans "Welcome to the Stage" et pour le final traditionnel 'Crying for Help VII', idéal pour faire chanter le public), 'Ascension' de "Contagion", 'The Tinder Box' de "7th Degree…", 'Poison' et 'The Mirror Lies' du dernier album studio, où Paul Manzi est plus à son affaire, et venant du premier album, 'Jericho' et l’inusable 'Solomon' (le morceau que le groupe a le plus souvent joué en live…). "Immortal ?", "Pepper’s Ghost" et "The Unquiet Sky" n’ont pas trouvé leur place dans ce show où "The Visitor" laissait peu d’espace.
Voilà un concert très professionnel qui a dû faire frissonner plus d’un spectateur en live. Sur disque, l’auditeur regrette la performance engagée du chanteur original, ce qui ramène immanquablement vers la version studio et fait de ce "Revisited" un double CD pour les collectionneurs.