L'autodidacte Johann Cadot, leader d'Asylum Pyre a de la suite dans les idées. Il revient avec un quatrième album sobrement intitulé "N°4" et un line-up entièrement remanié. Derrière une section rythmique composée de Thomas Calegari et Fabien Mira (c'est Pierre-Emmanuel Pélisson - guitariste du groupe - qui a enregistré la basse sur l'album), Ombeline "OXY" Duprat que l'on avait trouvée époustouflante auprès de Paolo Vallerga dans "The Experiment N° Q" officie au micro.
Fini le power symphonique des débuts, place désormais à un metal mélodique catchy et teinté d'electro, dans lequel le combo se plaît le mieux. Et de mélodies, il est question d'entrée avec deux titres particulièrement efficaces dans ce domaine, à savoir 'One Day (Silence / Part 2 : Daydreaming)' et 'Sex, Drugs and Scars' aux atours de hits en puissance qui rappellent les Scandinaves d'Amaranthe. Autre point commun, les différents types de chants présents sur l'album avec les voix claires de Johann et Oxy et des growls dispensés avec parcimonie pour un équilibre habile sans excès. Si les deux acolytes s'y essayent, ils sont brillamment secondés par Raf Penner (T.A.N.K.) pour le chant extrême le plus intense comme par exemple sur le titre ‘(D)ea(r)th’. À noter également la présence remarquable en guest de Yannis Papdopoulos (Beast In Black) sur 'Sex, Drugs, and Scars’.
La survie de notre planète et l'éco-responsabilité restent des thèmes chers à Johann Cadot, en témoigne l'artwork décalé au survivalisme chic façon Chanel. Textes et musiques collent à ces thèmes pessimistes mais réalistes, et le tempo s'envole quand le propos se fait plus rageur sur '(D)ea(r)th' ou la furieuse 'Lady Ivy'. Si quelques titres sont un peu en dessous du niveau général ('Borderline' ou 'Into The Wild'), l'ensemble est construit autour de tempos soutenus voire frénétiques ('The Right To Pain'), de riffs heavy, de refrains accrocheurs et d'une prestation vocale complète qui donne une chaude sensation de plénitude à l'écoute de l'album entier. L'hymne final 'The Cemetery Road' finit le tableau sur une touche épique au mid-tempo entraînant et au refrain qui fera, à n'en pas douter, des ravages sur scène.
Côté production, les apports électroniques apportent une touche de modernité dans l'air du temps et rendent l'ensemble très accessible. On pourra simplement regretter un mixage qui ne met pas les guitares à leur avantage malgré leur forte présence. Les riffs sont renforcés par une section rythmique très présente et des claviers et effets électroniques intelligents. Les solos ont été confiés à Nils Courbaron (T.A.N.K.) pour un résultat plus qu'intéressant.
Asylum Pyre s'immisce dans le peloton de tête du metal mélodique moderne et ce "N° 4" a beaucoup d'atouts à faire valoir pour les y maintenir. Un album qui plaira sans surprise aux amateurs du genre grâce à une pêche indéniable et à des mélodies efficaces. La prestation majuscule d'Oxy y est pour beaucoup, tout comme l'écriture maligne d'un Johann Cadot qui sera peut-être bien inspiré de reconduire ce line-up : en gagnant en stabilité et motivation, Asylum Pyre aura toutes les cartes en main pour s'installer définitivement parmi les groupes qui comptent et qui durent dans la jungle prospère du metal mélodique.