Fractal Universe, né en France, construit un death technique, foisonnant héritier de Death et des architectures de Dream Theater ou Pain Of Salvation. “Engram to Decline” son premier album avait été une très belle surprise, dont Music Waves louait l'intensité, la technique sans faille et le goût pour les ambiances variées. Aujourd'hui les musiciens reviennent avec “Rhizomes of Insanity” qui veut enfoncer le clou, impressionner ou surprendre. L'album met en lumière les pensées, les expériences autour de la folie, dans une tentative de définir sa source et sa frontière... pour peut-être la comprendre.
Même si la formation a évolué, les compositions ont toujours des structures labyrinthiques personnelles et une technique infernale. Le propos est néanmoins plus cohérent, la production puissante, la mise en place impeccable sans être démonstrative, car la formation veut avant tout créer un étourdissement sensuel.
La technique est au rendez-vous mais s'associe toujours à une intensité brûlante. Ainsi ‘Oneiric Realisations’ ou ‘Flashes of Potentialities’ proposent des rythmes fouillés, alors que la voix est d’abord douce puis grunt. L’influence de Dream Theater est présente dans les arpèges clairs à la manière de ‘Take The Time’ ou dans les riffs complexes, associés à des blasts éprouvants. Cette volonté d’hyper progressivité se retrouve sur 'Madness’ Arabesque' lorsque les riffs changent tout en diffusant une violence insidieuse.
Progressif oblige, les passages d’anthologie sont nombreux : guitares bluffantes dignes de John Petrucci époque ‘Line In The Sand’, très techniques et très mélodiques ('Madness’ Arabesques’, ‘Riding Oblivion’, ‘A Reality to Foreclose’), couleurs jazzy ponctuées de surprenantes mélodies et de sweeping dantesque (‘Masterpiece's Parallelism’), rythmes syncopés (‘Flashes of Potentialities’), passages aériens où la guitare intense livre un combat vital face à des arpèges sereins (‘Architectural Aberrations’), saxophone sexy déchirant (‘Fundamental Dividing Principle’).
“Rhizomes of Insanity” est une fusion de genres, un très bel album qui met en avant une émotion très humaniste. Fractal Universe y accentue son côté prog', peut-être au détriment d’une certaine immédiateté. L’album est ainsi une sorte de Dream Theater où James Labrie aurait laissé son micro à David Vincent. Finalement l’ouvrage parfois limpide ou plus difficile d’accès fait émerger un plaisir serein lorsque les musiciens baignent leur violence d’une lumière douloureusement belle.