Nine Shrines a été formé en 2014 par le batteur Andrew Wetzel après la dissolution de Attack Attack!. Aïe, ça commence mal. L’héritage risque d’être lourd à porter. Attack Attack!, l’un des groupes les plus ridicules de l’histoire du metalcore, s’est en effet distingué en 2010 par un titre particulièrement mauvais, ‘Stick Stickly’, illustré par un clip dont la vision pourrait donner des envies suicidaires au plus zen des moines tibétains, même le moins mélomane. Résultat ? Douze millions de vues et la naissance d’un genre heureusement tombé dans l’oubli : le crabcore, désignant les guitaristes jouant accroupis avec les jambes écartées. Nous vivons vraiment une époque formidable. Alors même en misant sur une erreur de jeunesse, avouons que Nine Shrines part avec un handicap. Et malheureusement, ce premier album, "Retribution Therapy", est loin de dissiper les doutes quant à la sincérité et aux réelles motivations du quintet de Cleveland.
"Retribution Therapy" est un produit de consommation musicale courante, destiné aux radios rock américaines. Une bonne dose de nu metal à la Papa Roach (‘Nimrod’, ‘Conjure’) et Linkin Park (‘Happy Happy’), des refrains mélodiques mais sans originalité (‘Ghost’), une voix claire puissante, un soupçon de voix hurlée pour faire bonne mesure (‘Ringworm’), quelques sonorités metal indus (‘Hymn’) et le tour est joué. Emballé, pesé, voici un album lisse et prévisible qui sent le metal alternatif moderne réchauffé au feu du mainstream le plus racoleur.
L’auditeur le plus téméraire pourra trouver quelques qualités à cet objet purement commercial, notamment sa production soignée. Il pourra même sortir de sa torpeur au gré de quelques rares fulgurances, en particulier le morceau ‘Retribution Therapy’ et son riff thrash inspiré de System Of A Down. Mais il retombera bien vite dans une torpeur qui confine à l’ennui à l’écoute d’une succession de titres monotones comme un paysage désertique.
Avec "Retribution Therapy", Nine Shrines nous livre un album de nu metal ennuyeux, aux compositions mille fois entendues. Un produit pas vraiment mauvais mais assurément médiocre et sans personnalité.