Fébrilement surveillée depuis "Circus Pandemonium" sorti en 2014, l'arrivée du nouvel opus d’A.C.T. soulage enfin les aficionados. Il est vrai que les Suédois se montrent peu prolifiques avec seulement six parutions en quinze années d’existence, gardant un line-up remarquablement stable depuis 2004.
La formule du quintet est connue : une base rock dynamique techniquement irréprochable aux accents plutôt allègres, qui s’autorise des digressions un peu barrées. "Rebirth" ne s’écarte pas de cette trace ; les 5 titres (eh oui, l’opus est seulement un EP) gardent une base dynamique et chorale qui n’incite pas à la mélancolie, et le morceau d’entame en est le meilleur exemple : avec son rythme impair pêchu et son refrain-qui-tue immédiatement accessible, 'The Ruler of the World' dégage une joie de jouer ensemble extrêmement communicative. Le propos n’est pas foncièrement progressif, comme tout au long de l’EP, car la brièveté des pistes (5:10 max) n’autorise pas les développements alambiqués, mais l’ensemble montre une efficacité redoutable.
En revanche, "Rebirth" fait mentir l’assertion selon laquelle “la seule chose prévisible avec A.C.T., c’est que leur musique est imprévisible” (citation extraite du site officiel). Le groupe recycle en effet les recettes qu’il a utilisées jusque-là, avec certes un caractère sympathique qui lui est propre, mais sans apporter de nouvelle pierre à son édifice. Sur la forme, ce ne sont pas les quelques sonorités electro plus ou moins vocoderisées de 'A Broken Trust' et 'Digital Affair' qui sonnent le plus original, et les instrumentaux sont bien trop courts pour embarquer l’auditeur loin de ses habituelles assises : 'Meet the Past' est d’une puissante efficacité, mais reste très ancré dans ce que nous ont déjà livré les Suédois, et loin de la folie surprenante des premiers disques.
"Rebirth" reste malgré tout un joli produit suscitant une adhésion immédiate. L’esprit de "déconne (très) organisée" qui règne sur les titres aboutit certes à un opus frais et sympathique, mais dont le plaisir d’écoute risque de s’émousser rapidement. De la difficulté de se renouveler…