En
2012, Dokken cessa de faire parler de lui. La même année, George
Lynch, son fameux guitariste, présenta T&N son nouveau bébé
avec l’album - moyennement apprécié chez Music Waves - "Slave To
The Empire" où apparaissaient deux anciens de Dokken, les fidèles
Jeff Pilson et Mick Brown. Depuis lors - et jusqu’à 2017 - trois
albums de Lynch Mob, son autre projet, virent le jour. Au cœur de
ces trois années, il s’associa au frontman Michael Sweet (Stryper)
et sortit sous le nom de Sweet & Lynch un "Only The Rise" de belle
facture. Deux ans plus tard naquit "Unified", un petit frère moins
marquant que son aîné. L’an passé c’est un album d’Ultraphonix
qui vit le jour, l’Américain y était associé au chanteur Corey
Glover (Living Colour). Dites donc, Monsieur Lynch, ne seriez-vous pas
un brin boulimique ?
La
réponse à cette question est la sortie aujourd’hui d’un nouveau
projet du Seigneur des lieux dénommé The End Machine. Au vu des
membres associés, ceux qui précités ont côtoyé l’animal chez
Dokken et T&N, on aurait presque tendance à se demander si le nouveau venu ne serait pas une resucée du second cité… Alors, quid de
cette équation à plusieurs inconnues…T+N = TEM ?
L’équipe
reconstituée de 2012 avait fait du mimétisme sa méthode
d’approche. Entre un patronyme issu du titre - "Tooth And Nail" -
d’un opus de Dokken et un "Slave To The Empire" affichant quatre
reprises du géant américain au compteur, autant dire que nous
n’avions pas eu besoin, en ces temps, d’appuyer sur la touche
repeat de notre boite à tonnerre pour rapprocher les nouvelles
compositions de celles de l’ancien combo des protagonistes. Le
choix de The End Machine est tout autre. C’est de Lynch Mob et de
son hard rock bluesy - comme s’y adonnent régulièrement un
Aerosmith ou un Whitesnake - dont il est plutôt question ici.
D’ailleurs, c’est l’ancien chanteur de ce groupe - et actuel
frontman de Warrant - qui officie au micro sur ce nouveau bébé de
l’insatiable six-cordiste. Robert Mason est donc ici dans ses
meubles.
Ce
dernier possède une voix puissante et c'est elle qui tente de voler
la vedette à Lynch ici. Le talent associé des deux compères fait
tout l’intérêt de cet album. Et c'est bien le seul. En effet,
hormis quelques rares titres dont les mélodies vous donneront envie
d'y revenir - nous y reviendrons d'ailleurs - seuls les œuvres
guitaristiques de Lynch, qui s'éclate à outrance sur tous les
morceaux, et l'excellente tenue de route du hurleur de service vous
tiendront éveillé. L'ambiance est ici fort 70's et le blues marque
de son sceau la plupart des plages de l'objet. Si vous adhérez au
style et que votre mug au bureau représente le Roi du manche aux
fourneaux, vous pouvez sortir votre chéquier et craquer pour cette production.
Quant
à ceux qui accordent une importance particulière aux mélodies, il
leur est recommandé de ne pas s'attendre à passer leur temps sous
la douche à s’irriter la glotte en s'essayant à l'air-micro. En
effet, à part certainement le rythmé 'Alive Today' où on croise
enfin Dokken, l'excellente ballade 'Sleeping Voices', qui nous ramène
quatre décennies en arrière, et peut-être le sombre et lancinant
mid-tempo 'Leap Of Faith', les amateurs de mélodies à répéter à
l'envi en seront pour leurs frais.
Au vu du pedigree des musiciens, nous aurions pu nous attendre à une bombe
harmonique. Las, même si le son de cet opus est irréprochable et
que techniquement ce qui vous arrive dans les oreilles est
remarquable - notamment Lynch qui demeure impressionnant - l'ensemble
manque de personnalité, laisse une impression de froideur et surtout souffre cruellement d'accroches mélodiques
et donc d'emphase. Un opus à réserver aux fans de Lynch, de Lynch
Mob et de hard rock américain à tendance blues, voilà qui devrait
néanmoins assurer peut-être un petit succès à cet album.