Les graines de Press Gang Metropol ont fructifié sur le terreau généreux de Corpus Delicti, groupe gothique culte français des années 90. Après "Checkpoint", un premier album remarqué en 2012 qui faisait la part belle à la cold wave et quelques EP, les Niçois reviennent 7 ans plus tard avec "Point Blank". Outre la déclinaison des expressions contenant le mot "point" dans les titres d'album, celui-ci revêt un sens un peu plus dramatique.
Alors que les rescapés de Corpus Delicti étaient au nombre de quatre, ce nouvel album laisse Christophe Baudrion, bassiste et claviériste de son état, seul gardien du temple. Le chanteur Sebastien Pietrapiana et ses collègues Chabaud et Amendola se sont fait la valise. Désormais derrière le micro, monsieur Bernard, également prénommé Sébastien, est en première ligne pour recevoir les flèches des critiques, comme son illustre martyr.
Ce nouveau line-up ne bouleverse pas la donne et nous sommes tout de suite en terrain connu. Avec sa première piste inaugurale enjouée et inspirée de New Order, l'album prend un départ précipité. Le chant est alerte, un peu affecté mais en accord avec les canons 80's et surtout sans accent français. La synthèse alchimique entre lumière et ténèbres s'installe ensuite sur 'Outshined' sur lequel les bruitages de clavier se montrent aussi oppressants que lumineux, le riff de guitare diabolique, la basse à la Peter Hook et la batterie bien en place. Sur 'Stalemate' et son intro qui rappelle un peu 'Musica Ricercata' de György Ligeti, la croisière nerveuse est en marche, avec riffs de guitare, refrain accrocheur et crescendo dramatique à coups de batterie et claviers. On sent dans 'MMT' une excellente synthèse entre le chant un peu euphorique et le caractère urgent du morceau. Si l'on devait qualifier la musique de Press Gang Metropol, fortement teinté de cold et new wave, on pourrait parler de "vertige de lumière".
L'ambiance n'est jamais propre à satisfaire les dépressifs et suicidaires. Les ballades sont au choix lumineuses ('Eternally') ou anxiogènes ('Orphans'). Mais malgré cette recherche de lueurs, le groupe donne l'impression d'être pieds et poings liés par ses influences. Si les morceaux reproduisent fidèlement un thème très 80's, cette machine à remonter le temps manque de caler plusieurs fois par manque d'originalité et de folie. La fin nous permet de contredire ce propos en terminant sur une note un peu plus surprenante. Avec son piano profond en introduction, son chant poignant et son crescendo nerveux, 'Vertigo' chauffe le trône de l'ultime piste 'With Our Love' qui semble passer de l'autre côté du miroir, avec sa mélodie mécanique diabolique, un nouveau crescendo et un chant rageur et profond. Comme si le groupe avait décidé de garder quelques cartouches pour la fin de l'album et de tout brûler, en somme une fin en feu d'artifice.
Avec sa basse grondante, sa batterie toujours alerte, ses guitares tranchantes, ses claviers lumineux, son chant serein et parfois inquiet, "Point Blank" rassemble les inspirations cold wave, new wave et gothique dans un creuset pop redoutablement efficace. Malheureusement, si la musique du groupe ne peut jamais être accusée de pastiche, le manque de variété et la tendance à voler en pilotage automatique alourdissent l'écoute. Press Gang Metropol aurait gagné à s'exposer au danger, à bout portant, comme le suggère son titre.