Une manie tenace dans les productions progressives (ou apparentées) est de présenter des choses simples sous une forme compliquée. "Mysterium Magnum" en est une illustration. Il n’est pas question ici de la pochette, très chouette, qui contient le CD, mais bien du 'scenario' sous-tendant l’ouvrage. Extrait du site officiel : “Mysterium Magnum, l’œuvre mystique la plus importante du XVIIè siècle, une interprétation exhaustive du Livre de la Genèse, incluant le message du Nouveau Testament et la nature intime de l’expérience mystique.” En gros, comment faire sortir par l’Alchimie le principe vital de son enveloppe charnelle ... bigre !
Foin de ces explications ésotériques dont l’album n’a aucun besoin : le style est ici un AOR mélodique plutôt étoffé, dans un style assez proche de Saga, avec un chanteur (Jeff Cannata himself) dont la voix évoque tantôt celle de Roine Stolt (TFK), tantôt celle d’Alan Reed (Pallas). Nous n’avons pas ici affaire à des débutants, puisque Jeff est le fondateur de Jasper Wrath vers 1975, puis de Arc Angel en 1983, et bénéficie donc d’un certain savoir-faire, et même, n’hésitons pas , d’un savoir faire certain.
Le niveau moyen des compositions proposées dans ce "Mysterium Magnum" est tout à fait honorable - à part l’intermède 'French', musicalement totalement dénué d’intérêt (quelques paroles en français disséminées sur un rythme électro sans variation) - même si pas mal de titres sont assez calibrés FM et n’échappent pas à la très classique construction couplet-refrain, couplet-refrain, pont musical, refrain et fin. Parmi ceux-ci, 'Dead or Alive' est une bonne démonstration d’efficacité avec sa mélodie et son rythme accrocheurs.
Plus ambitieux sont certains morceaux, comme celui d’ouverture, ('Spirit of the Four Winds') avec un son bien appuyé sur une solide section rythmique, le tout donne un ensemble mélodique très agréable à suivre tout au long de ses 8 minutes. Citons également 'Tears of America', 'Somewhere Beyond the Sun', varié tant au niveau du rythme que de l’instrumentation (flûte, vibraphone), et 'Kali Allah' (j’avoue un petit faible pour ces solos bien marqués de synthé), utilisé en reprise à la fin de l’album, sur fond de percussions marquées, Jeff Cannata nous rappelant ici son goût pour les ambiances moyen-orientales.
Au total un album bien agréable qui ne comblera pas les amateurs de prog torturé mais satisfera ceux qui aiment la musique directe et bien arrangée : ce n’est déja pas si mal !