Allegaeon, américain de naissance, violent de nature et mélodique sur ses contours, développe sa vision d'une douce puissance incarnée sur partition. Après quatre albums salués par la critique et quelques changements de personnel, le groupe offre un condensé de sa rage musicale : “Apoptosis”, qui transperce, puis imprègne la fine surface membranaire de nos oreilles alanguies.
Dès ses premières notes, “Apoptosis” répand une nuit de terreur. 'Parthenogenesis' est l'invocation du dieu de la colère, ponctuée d'étoiles mélodiques. Ses harmonies sont au service de l’émotion pure lorsque la tempête laisse la place au velouté sensuel d'un flamenco. Pour appuyer les contrastes, ‘Interphase // Meiosis’ est digne d'Obscura, avec une technique impeccable, une rythmique éprouvante et une voix piquante. Quant à ’Apoptosis’, il charme avec le chant clair de ses premiers instants, opposé ensuite à l'âpreté des riffs syncopés dignes de Insomnium. La puissance brute se retrouve aussi sur ‘Extremophiles (A)’, alors que ‘Extremophiles (B)’ atténue cette angoisse, l'enveloppe d'une excellente six-cordes mélodique et délaisse un temps les vocaux rêches pour un chant limpide.
L'album est multiple : la moiteur de ‘Metaphobia’ est rehaussée d'un sweeping impeccable; ‘Stellar Tidal Disruption’ prend aux tripes grâce à sa grosse caisse “mitraillette”, ‘Tsunami and Submergence’ ralentit le tempo, impose un chant émotionnel proche de Pain Of Salvation; ‘Colors of the Currents’ dessine un décor brûlant aux accents hispaniques bucoliques. C'est cette simplicité, évidente et dépouillée, qui séduit.
“Apoptosis” est un album qui oscille entre puissance et mélodies suaves. Le travail de composition impeccable, sadique et sensuel, permet à Allegaeon de surgir en pleine lumière, d’entrer dans l'arène de la douce bestialité, rehaussée de la chaude humanité d’un jour d’été baigné de lumière vespérale.