Hollis Brown est un groupe formé autour du chanteur guitariste Mike Montali et du guitariste Jonathan Bonilla qui se bâtit une réputation locale dans le milieu musical new-yorkais avant de sortir un premier EP en 2009. Cinq ans plus tard, le groupe se consolide sous sa forme actuelle de quintet et sort plusieurs albums et EP. C’est en 2018 que Hollis Brown signe chez Mascot Records et le premier disque de leur collaboration s’appelle "Ozone Park".
De son nom tiré d’un titre de Bob Dylan, ‘The Ballad Of Hollis Brown’ sorti en 1964, jusqu’aux sonorités qui parsèment "Ozone Park", Hollis Brown cultive un côté rétro parfaitement assumé. La production mélange avec précision enregistrements analogique et numérique pour un rendu intemporel et équilibré. Les Américains déroulent une pop colorée et bienveillante, tranquille et standardisée à l’image du quartier de la classe moyenne new-yorkaise auquel le nom de l’album se rapporte, qui ne bouscule ni ne renverse, avec son lot de chansons courtes et immédiates sous des formats souvent mid-tempi inoffensifs. "Ozone Park" coche toutes les cases de l’album dont les titres pourraient finir sur la bande son de la dernière série Netflix ou de la comédie dramatique américaine de la rentrée. D’ailleurs plusieurs morceaux du groupe ont été utilisés à cette fin par le passé, et on ne s’en étonnera pas.
Une blues-soul-pop métissée et généreuse en réverbération par-ci (‘Stubborn Man’), une chorale de ‘Oo, Oo, Oo’ par-là (‘Blood From A Stone’), une reprise de folk qui émousse tous les reliefs de l’originale (‘She Don't Love Me Now’ de Jesse Malin) et quelques excès de guitare fuzz pour s’encanailler (les deux minutes de ‘Bad Mistakes’), "Ozone Park" joue la carte de la diversité tout en misant sur la sécurité. Peu d’audace et à peine plus d’originalité mais pourtant neuf titres (on passera sur l’interlude sans intérêt ‘After The Fire’) qui se tiennent en termes de mélodies et d’interprétation et qui donc s’écoutent facilement, non sans un certain plaisir dénué de culpabilité.
Ce sont parfois les disques que l’on soupçonnait le moins qui marquent les esprits. "Ozone Park" ne rentrera pas dans les annales de la musique mais pourrait avoir une petite existence et toucher un public dans un film au succès inattendu. Il pourrait aussi intégrer la liste hétéroclite mais néanmoins précieuse des disques que l’on choisit quand on n’a rien envie d’écouter.