Savage Messiah pourrait être le nom d'un groupe rescapé des années 80, c'est pourtant celui que de jeunes loups ont choisi pour se réunir. Fort d'une carrière entamée il y a douze ans, ces Anglais ne sont toutefois plus des puceaux, porte-étendard d'un thrash zébré de lueurs heavy metal. Sauf que de thrash, il en est de moins en question comme l'illustrait déjà "Hands Of Fate" il y a deux ans.
Si 'Virtue Signal' qui en amorce l'écoute ou le très speed 'The Bitter Truth' semblent timidement renouer avec un passé un peu plus méchant, "Demons" poursuit en réalité ce glissement vers une musique plus lumineuse quoique toujours vigoureuse que ne peuvent freiner ni David Castillo (qui l'a produit) ni Jens Bogren (qui l'a mixé) pourtant habitués à du plus costaud. Les fans du premier rang feront sans doute la tronche, ne reconnaissant guère le géniteur de "Insurrection Rising" et "Plague Of Conscience" dans ces chansons raffinées telles que 'What Dreams May Come' ou 'Parachute' qui n'évite la mièvrerie que de peu, heureusement sauvé par une grosse patte rythmique.
Pourtant, il est finalement permis de préférer Savage Messiah dans ce registre moins énervé, plus commercial sans doute, qui met en valeur sa science affûtée de la mélodie mordante, faisant saillir des parties de guitares ravageuses biberonnées à la NWOBHM ('Down And Out'). 'Until The Shadows Fall' est même une (power) ballade plutôt belle et réussie, qui met en valeur l'organe du maître des lieux, Dave Silver. Le tout ne manque pas d'élan ni de puissance, propulsé par la frappe pesante de Charly Carreton ('Rise Then Fall') dont la récente embauche a été bénéfique au groupe. Comme celle du soliste David Hruska.
Combien de temps resteront-ils aux côtés du chanteur et dernier membre historique qui peine depuis toujours à maintenir la stabilité de son line-up ? L'avenir nous le dira. Pour l'heure, cette nouvelle incarnation de Savage Messiah est à l'origine d'un album aussi carré que mélodique que des ambiances vaguement sombres ('Steal The Faith In Me') et de rares plongées dans une lourde fente ('Heretic In The Modern World') ne suffisent cependant pas à en durcir les traits.
Malgré quelques furieuses échappées, "Demons" offre un ensemble sémillant qui galope sur une route plus heavy que thrash dont il ne subsiste que de fugaces oripeaux.