Huit années après le remarquable "The?Book", le groupe allemand Seven Steps to the Green Door (SSTTGD) nous livre le deuxième volet de sa trilogie consacrée aux religions. Le premier traitait du rapport amour versus croyance, "The?Lie", dans un artwork très apparenté, disserte plus sur l’intrusion du fanatisme dans les religions : comment faire face à la relation divergente et symbiotique entre l'autorité morale d'une religion et les réalités politiques qui régissent et développent toute forme de religion ?
Ce concept ambitieux reprend des codes de "The?Book" dès l’entame, calquée sur celle du 'Prologue', et reproduit certains des gimmicks déjà présents dans le premier tome, notamment le motif de 'Come to Your Father' qui est celui de 'The Green Door' et sert de fil conducteur à tout le morceau. Il y a donc une réelle ambition musicale et conceptuelle dans cet album, qui porte par ailleurs tous les marqueurs de SSTTGD : un souci de ne pas sombrer dans la facilité, notamment par l’utilisation de rythmiques "inconfortables" qui font par exemple qu’il est difficile de taper du pied à l’écoute d’un morceau, l’auditeur se trouvant pris à contretemps au bout de trois mesures.. et pourtant cette instabilité ne s’installe jamais au détriment des mélodies, ce qui donne des morceaux qui interpellent. Le groupe ne manque jamais de glisser des touches pertinentes, comme le très beau motif au piano-sax dans 'The Word Made Flesh' où Marek Arnold trouve les accents de John Heliwell dans 'Even in the Quietest Moments' (Supertramp), ou les harmonies vocales entrecroisées de 'Hear my Voice Tonight'.
La musique s’appuie sur des motifs hypnotiques ('A Dream That Strayed I', 'The Wolrld Made Flesh', 'Hear my Voice Tonight') qui apportent une coloration atmosphérique, et s’essaie même au solo violon (merci Steve Unruh sur 'A Price to Pay II' !). SSTTGD peut aussi envoyer du plus lourd, rejoignant même Dream Theater sur certains riffs appuyés ('A Price to Pay I', ou le début de 'Come to Your Father'). Le groupe bénéficie en outre de deux chanteurs attachants : Lars Köhler possède un joli grain de voix ('Hear my Voice Tonight'), et Jana Pöche délivre un vibrato très sensible ('The World Made Flesh').
Malgré tout, "The?Lie", en dépit de son éclectisme, n’est pas un album parfait : il semble que les Allemands aient privilégié le récit à la musique, ce qui donne un résultat beaucoup moins convaincant, moins accrocheur que "The?Book". A force de vouloir rendre la musique signifiante, d’entrecouper le récit avec des récitatifs encombrants (première et dernière piste), le résultat est à la fois moins cohérent et moins enthousiasmant sur le plan musical que le premier tome de la trilogie.
Souhaitons que pour le dernier acte, les Allemands reviennent à une plus grande simplicité de concept et remettent la composition au premier plan. "The?Lie" reste un album bourré de qualités, mais qui sont disséminées dans un concept peut-être trop ambitieux.