Lancés un peu au hasard de la chance sur l'asphalte de la musique, les Californiens de 3Teeth ont bénéficié du parrainage de Sean Beavan (Marilyn Manson, Nine Inch Nails, Guns N' Roses) pour leur deuxième album ''Shutdown.exe''. Leur bonne fée leur a permis d'accrocher une brillante 23ème place au Billboard. Ce succès inattendu les a conduits à animer la première partie de la tournée de Rammstein en Amérique. Attendus au tournant avec la sortie de son troisième album, 3Teeth toujours épaulé de Sean Beavan se prépare à prolonger la guerre, d'où le titre de cette nouvelle production, ''Metawar'', au-delà de la guerre.
''Metawar'' est un concept album illustrant l'idée d'une guerre perpétuelle dans le monde - un thème proche de ceux des deux premiers albums. Sur la pochette qui possède un sens léché de l'art graphique, des griffes méphitiques se sont emparées d'un monde en forme de cœur, comme pour prouver que le mal est bien profond et irrémédiable. L'aspect intellectuel et philosophique du propos peut toutefois s'incliner devant la force de la musique.
Car côté musique, le groupe coche sur son cahier des charges toute la panoplie du genre. ''Metawar'' est un album sombre où les guitares et les batteries se relaient pour nous asséner cette vérité. Les rythmiques dégoulinent d'épilepsie et se font anxiogènes (le stressant 'Hyperstition' qui envoie sur orbite 'Affluenza', la lenteur empoisonnée d' 'Altaer'). La voix d'Alexis Mincolla adopte une diction martiale, n'hésitant pas à hacher les mots ou à hurler comme un dément. Si sa voix n'a pas une grande puissance gutturale comparée à ses congénères, elle permet de l'inscrire légèrement en retrait comme témoin de notre déliquescence. Alexis se met toutefois en danger et apporte un sens mélodique aux compositions torturées, pour preuve son étonnant dédoublement sur 'Altaer' et 'Time Slave' avec une voix maléfique répondant à une voix plus claire.
On peut toutefois être déçu par les rythmiques qui tendent à tourner un peu en rond. 'American Landfill' ou 'President X' sont des parangons du style mais également des auto-parodies du genre, lorgnant pour le deuxième vers 'Millenium' de Killing Joke. En somme, les influences des grands anciens ne sont pas toujours digérées et le groupe les recycle avec entrain mais sans vraiment être percutant, rien de nouveau sous le soleil noir. 3Teeth sait toutefois révéler sur la deuxième partie de l'album une face moins unicolore grâce à l'apport des claviers qui occupent une place de choix, tenant le rôle de la beauté vénéneuse, faisant pendant aux guitares survoltées et à l'énergie mortifère. 'Sell Your Face 2.0' avec ces claviers aériens et une voix trafiquée offre un appel d'air et 'The Fall' nous éblouit de lumière avant la chute de l'ange noir en apesanteur sur 'Pumped Up Kicks' qui rappelle un peu Nine Inch Nails.
3Teeth, très marqué par ses grands frères du metal-indus sort un troisième album qui s'il ne renouvelle pas le genre, nous propose un voyage accidenté dans les enfers de notre monde.