Pour définir ce groupe, 2 mots nous permettraient de comprendre l’essence de leur nom. Le premier serait le mot 'Est' et le second serait 'Vent'. En effet, les musiciens viennent du Japon, qui se situe à l’Est de nos régions et l’on retrouve les claviers légers et aigus qui sont caractéristiques du pays. Ensuite, chaque morceau est mené d’une main de maître par le saxophone qui n’est autre qu’un instrument à vent. Pas étonnant donc, de retrouver ces 2 mots dans le nom du groupe.
Ce premier opus des japonais commence très fort. 'Dr Bloodmoney' est une véritable réussite en tous points, tant au niveau de la composition qu’à celui du talent des différents protagonistes. Oscillant sans faux pas entre le rock et le jazz, ce premier morceau nous montre l’étendue du savoir-faire du saxophoniste.
La deuxième chanson, le plus long des 6 titres (12'06), est certainement la perle de cet album. Si ce n’est le titre que je me garderai de réécrire de mémoire, ce morceau est une véritable réussite. Ce succès est en grande partie dû à une introduction aux claviers somptueuse. 3 minutes de pur bonheur jusqu’au moment où la batterie et la basse s’en mêlent et introduisent une ambiance délicieusement Jazz.
Dans un autre style, 'Minotaurus' se donne dans le 'Asian Kung Fu Generation' où les guitares effacées du début montent en puissance dès l’introduction. Le cocktail progressivo-jazzy est toujours aussi réussi. Dans un registre se rapprochant d’un Pierre Moerlen’s Gong (Pentanine), les musiciens optent pour une chanson plus calme avec 'Blue Monday' où la basse se fait présente mais pas trop et où le saxophoniste nous offre un refrain du calibre du 'Baker’s Street' de Gerry Rafferty.
Et la surprise continue avec 'L’aiguille creuse'. Les japonais récidivent en nous offrant une introduction indescriptible. Le clavier léger et mélodieux donne le ton tandis que le saxophoniste dompte son instrument avec une précision d’horloger. Cette introduction ne laissera personne insensible. Le plus hard-rock des mélomanes saura se laisser charmer par tant de finesse et de sensibilité.
Arrive alors le faux pas, souvent présent sur les premiers albums. Je veux parler d’April Dancer'. Là où nous avions pu observer une suite logique à chaque morceau, cette dernière chanson fait figure de morceau en trop. Sur celui-ci, les musiciens semblent se laisser aller à une tentative désespérée d’improvisation… C’est du moins ce que prouve le solo de batterie de 2 minutes qui clôt cet album et dont nous pourrions franchement nous passer. L’utilisation d’un xylophone à la sauce Pierre Moerlen ne parvient pas à réhausser le niveau du morceau.
En résumé, East Wind Pot est différent de tous ces groupes de Jazz Fusion qui se sont trop souvent laissés aller à de l’improvisation pure et dure. Cette formation nous montre un étonnant talent de composition qui oscille parfaitement entre le Jazz et le rock progressif.