Depuis son retour aux affaires en 2008 avec "Good To Be Bad", Whitesnake offre de nouveaux opus avec un train régulier de sénateur. Tous les trois ou quatre ans, la formation de David Coverdale est de retour dans les bacs, ce qui est loin d’être un rythme intensif mais qui se révèle à chaque fois un gage de qualité, adjectif qui n’a jamais quitté la légende britannique depuis 1978. Le départ de Doug Aldrich avait laissé craindre le pire, et la sortie de "The Purple Album" en 2015 en avait laissé certains perplexes mais, alors que quelques oiseaux de mauvais augure laissaient planer le doute quant à une fin annoncée du Reptile Blanc, voici un "Flesh & Blood" qui va remettre les points sur les ‘i’.
Parfaitement secondé par sa paire de… guitaristes (à quoi pensiez-vous ?), le grand David offre ici 13 nouvelles compositions sur lesquelles, du haut de ses 68 printemps, il compense une voix qui commence à perdre un peu en puissance par un métier à toute épreuve. La nouvelle offrande discographique se révèle variée et d’une redoutable efficacité et présente une formation soudée et talentueuse derrière l’inamovible patron du navire. Les brûlots catchy à l’énergie irrésistible sont dotés de refrains imparables (‘Good To See You Again’, ‘Shut Up & Kiss Me’, ‘Trouble Is Your Middle Name’) et alternent avec des pièces plus heavy et fédératrices taillées pour les stades. ‘Hey You (You Make Me Rock)’ ou ‘Well I Never’ n’attendent plus que les concerts à venir pour être repris en chœur par un public à la virilité exacerbée.
Les douceurs sont également de la partie, et si ‘When I Think Of You (Color Me Blue)’ reste trop convenue malgré un charme suranné, ‘Heart Of Stone’ dégage une puissance émotionnelle envoûtante et regorge de feeling tout au long de ses presque sept minutes. Quant à ‘After All’, elle joue la carte de la délicatesse sous un format acoustique révélant une émotion à fleur de peau. Alors que la paire Hoekstra / Beach éclabousse l’ensemble de son talent et de sa complicité, le Serpent Blanc n’hésite pas à rendre quelques hommages à peine voilés à d’anciennes gloires de la même génération mais à l’état de santé moins reluisant. C’est tout d’abord l’ombre prégnante de Thin Lizzy qui plane sur un ‘Always & Forever’ mélodique et à l’énergie positive. AC/DC n’est pas loin sur le titre éponyme avec son riff basique mais hyper efficace doublé d’une montée en intensité toute en maîtrise. L’épileptique ‘Get Up’ se fait endiablé et débridé et ne manque pas de références à Van Halen. Enfin, ‘Sands Of Time’ vient clôturer l’ensemble de manière monumentale et majestueuse avec ses légères touches orientales qui rappellent forcement le ‘Kashmir’ de Led Zeppelin.
Sans un ou deux titres légèrement plus faibles, ce nouvel opus avait donc tout du sans-faute caractérisant les œuvres incontournables. "Flesh & Blood" s’inscrit néanmoins parmi les meilleurs albums de Whitesnake, qui profite de l’occasion pour prouver sa grande forme et rappeler qu’il est un monument avec lequel il faut toujours compter. Les amateurs apprécieront et ils ne se priveront pas d’un cadeau aussi savoureux. Quant aux autres, voici pour eux une belle occasion de découvrir la légende de la meilleure des manières.