« De retour pour une mise au point, prendre la place qui nous revient… un nouveau départ phénoménal… on vous laisse le choix du metal ». Ces paroles extraites du titre ‘We Come To Get It’ annoncent clairement la couleur du nouvel album de Sidilarsen, "On Va Tous Crever". Gonflés à bloc par le succès de "Dancefloor Bastards" et du DVD live "In Bikini Dura Sidi" enregistré pour fêter les vingt ans du groupe, les Toulousains ont décidé de battre le fer tant qu’il est chaud pour nous offrir l’album le plus metal de leur carrière.
Production énorme, guitares en avant, riffs tranchants comme les griffes acérées d’une rage indéfectible, Sidilarsen oriente clairement sa musique du côté sombre et revendicatif du metal indus des origines, nourri de punk et de thrash. Tandis que le mastodonte Rammstein navigue à vue dans les eaux troubles du mainstream et de la provocation gratuite, Sidilarsen reste fidèle à sa réputation de groupe entier et sans concession et joue comme toujours la carte de la sincérité. Et l’humeur n’est plus aux dancefloors. Le tire-bouchon emblématique a disparu de l’artwork. Pour les Toulousains, la prise de conscience écologique est plus que jamais une urgence vitale (‘Interdit De Se Taire’). L’espèce humaine court à sa perte et « cette fois-ci c’est vraiment no future » (‘On Va Tous Crever’).
Si le son du groupe s’est clairement densifié, c’est aussi parce que les machines sont plus discrètes que sur l’album précédent. Même si elles restent inhérentes à la musique de Sidilarsen, elles servent les compositions sans jamais prendre le dessus (‘A Vif’). Il en résulte un album à l’ossature metal indus très homogène, à la puissance implacable, au son massif et aux riffs acérés (‘Money Game’, ‘Powerful Day’). D’autant plus que le nouveau bassiste Sylvain Sarrobert a su trouver sa place au sein du groupe et donne une nouvelle jeunesse à sa section rythmique (‘God’s Got Guns’).
Malgré quelques titres plus faibles (‘Dans Tes Bras’, ‘L’Ardeur Du Vivant’) et une absence certaine d’éclectisme, celui-là même qui faisait la force de "Dancefloor Bastards", "On Va Tous Crever" est un pari réussi pour Sidilarsen qui, en durcissant le ton de sa musique, parvient à maintenir la flamme de sa singularité. Avec cet album aussi sombre et pessimiste qu’instinctif et hargneux, les Toulousains montrent qu’ils sont toujours là pour en découdre et ne sont pas prêts de baisser les bras car, comme le chante Didou sur ‘Money Game’, "si on cesse de se battre, c’est qu’on est prêt pour l’esclavage".