Bokassa, ce nom a explosé dernièrement aux oreilles de l'Europe, puisque le groupe norvégien a ouvert les concerts de Metallica pour la dernière tournée européenne, rien que ça ! Mais qu'est-ce qui peut expliquer l'engouement incroyable et cette révélation qui a touché Lars Ulrich qui qualifie le trio nordique d'être devenu son groupe préféré du moment ? Bokassa évolue dans un style mélangeant allègrement stoner et punk avec une teinte hardcore, soit un cocktail apparemment pas piqué des vers.
La durée des titres donne un indice sur ce qu'est la direction de l'album. Avec des compositions dépassant rarement les trois minutes, le disque est direct, sans fioriture stérile (ce qui est reproché aux derniers albums de Metallica soit dit en passant) visant à rentrer en tête rapidement. Et pourtant, cette orientation tombe légèrement à plat, la faute à ce sentiment de ne pas aller au bout des compositions. Ainsi, à la manière des derniers albums de Ghost, 'Brologue' sert d'introduction à l'album, installant une ambiance inquiétante, angoissante qui s'enchaîne avec 'Charmed & Extremely" avec sa dimension plus punk et exutoire qui tranche trop avec le morceau liminaire pour faire le lien et auquel il manque un petit quelque chose pour être totalement abouti. Ce sentiment est partagé avec 'Vultures' et 'Mouthbreathers Inc.' qui auraient mérité un petit solo supplémentaire pour atténuer cette impression frustrante de fade out brusques trop marqués.
Cette structure punk laisse donc place à de rares développements musicaux, ce qui apporte également un goût de manque de variation. Toutefois quelques lueurs d'espoir sont permises dans ce "Crimson Riders". Parmi les morceaux qui tirent leur épingle du jeu, 'Wrath Is Love' apporte plus de relief à l'ensemble grâce à des couplets bien graisseux au niveau des riffs et un refrain lumineux à la Nickelback qui rencontre les choeurs un peu kitsch de Coldplay des derniers albums. Par ailleurs, Bokassa ose quelques expérimentations presque progressives avec 'Immortal Space Pirates 2' qui alterne plusieurs mouvements doom, thrash, stoner, aux transitions certes un peu abruptes mais qui n'atténuent pas le plaisir de découvrir que les Norvégiens ne restent pas enfermés dans leur propre style en s'auto-parodiant à l'infini ou en imitant leur mécène musical.
Avec "Crimson Riders", les Norvégiens alternent le bon avec des titres qui sortent des sentiers battus et le moins bon avec des compositions qui donnent l'impression de ne pas aller au bout. Bokassa ne propose donc pas le diamant tant espéré, du moins celui-ci aura besoin d'être taillé à l'avenir pour obtenir un contenu plus dense et moins redondant.