La carrière internationale de Nad Sylvan doit beaucoup à Steve Hackett, avec lequel il a parcouru le monde pour les "Genesis Revisited". Cet artiste suédois a par ailleurs collaboré aux groupes Agents of Mercy avec Roine Stolt, et Unifaun pour un projet qui restait solidement ancré dans le paysage sonore de Genesis. Nad Sylvan entame en son nom propre une trilogie vampirique en 2015, dont "The Regal Bastard" qui nous intéresse ici constitue le troisième tome.
L’histoire proprement dite occupe les 7 premiers titres et reprend les aventures du Vampirate, aristocrate au grand cœur âgé de 400 ans. Le style est cantonné dans un progressif à la frange du symphonisme et fait appel aux nombreuses pointures que Nad a croisées au cours de ses voyages. Ces participants prestigieux connaissent leur affaire et sont les véritables artisans de la qualité de l’ouvrage, soutenus par une production impressionnante. Guthrie Govan se fait remarquer d’emblée par son excellent solo de guitare sur 'I am the Sea', Jonas Reingold assure avec une excellente présence à la basse tout au long de l’album et Steve Hackett y va de sa contribution avec son solo (un peu convenu) sur 'Honey I’m Home'.
Côté compositions par contre, très peu de surprises, et quand les invités ne sont pas présents dans les morceaux, le musicalogramme est plutôt plat : 'Leave Me in These Waters', plutôt lénifiant, ne doit son salut qu’à l’intervention de Guthrie Govan, 'Ohahu' est un titre plutôt moche avec un refrain limite ridicule, et bien des morceaux auraient gagné à être écourtés, notamment 'The Regal Bastard' qui joue les prolongations superflues sur les deux dernières minutes.
Et puis il y a la voix de Nad, qui partagera les opinions : entre Fish et Niclas Flink (Carptree), il officie sans la puissance du premier dans ses bons jours ni la délicatesse du second et avec un timbre qui sombre souvent dans le nasillard tout en gardant un côté précieux ou maniéré. Dans le pool des voix clivantes, Nad Sylvan est en bonne place… Il pourrait même lui être reproché un manque de puissance : sur 'Meet Your Maker', la voix féminine (Tania Doko) a beaucoup plus de puissance que Nad !
Autre problème : la musique évoque bien peu l’univers vampirique, a priori sombre et inquiétant. Nad a choisi d’utiliser une tonalité souvent guillerette ('The Regal Bastard', 'Honey I’m Home', 'Oahu') et volontiers précieuse (clavecin, violons…) qui paraît bien éloignée du monde qu’il voudrait décrire.
Les deux derniers "bonus tracks", joués par une équipe différente (un trio), sont déconnectés du reste puisqu’ils ne font pas partie du concept Vampirate, et n’apportent musicalement pas grand chose à l’album : 'Diva Time' a peu d’intérêt et la fin de 'The Lake Isle Of Innisfree' tourne en rond.
En définitive, l’impression qui ressort à l’écoute de ce "Regal Bastard" est que Nad Sylvan s’est fait plaisir en se mettant en scène dans un univers théâtral assez vain. Paradoxe dans un disque de chanteur : ce sont les parties instrumentales qui sont les plus appréciables !