Dans la série des stakhanovistes de la sortie discographique, Jim Peterik se place haut la main parmi les leaders de la catégorie AOR/Hard Mélodique. L’ancienne co-tête pensante de Survivor enchaîne les projets et participations depuis maintenant une vingtaine d’années, que cela soit avec Pride Of Lions, Jim Peterik’s Lifeforce, le regretté Jimi Jamison, Scherer / Batten, et bien d’autres… Cet appétit pantagruélique semble avoir pris naissance en 2000 avec le projet Jim Peterik & World Stage qui voyait l’artiste partager l’interprétation de titres de sa composition avec plusieurs chanteurs renommés parmi lesquels nous citerons Don Barnes (38 Special), Dennis DeYoung (ex Styx), Kevin Cronin (Reo Speedwagon), Kelly Keagy (Night Ranger) et Tom Kiefer (Cinderella).
19 ans plus tard, voici la suite de ce premier opus éponyme avec de nouveaux invités prestigieux. Parmi ceux cités en exemple précédemment, seul Tom Kiefer n’est pas de la nouvelle aventure mais il faut bien reconnaître que ses remplaçants ont eux aussi les épaules larges. Mike Reno (Loverboy), Kevin Chalfent (The Storm et ex Journey), Danny Vaughn (Tyketto), Jason Scheff (Chicago) ou les frères Matthew et Gunnar Nelson (Nelson) n’ont plus vraiment besoin qu’on les présente. Comme à son habitude, le maître des lieux a su s’adapter à chacun des interprètes pour leur offrir des titres qui ne dépareilleraient pas au sein de leurs formations d’origine. Les exemples les plus frappants sont ‘Proof Of Heaven’ sur lequel Dennis DeYoung retrouve le délicieux rock légèrement progressif et pop qu’il offrait avec Styx, et la sublime ballade ‘You’re Always There’ mariant avec classe orchestration majestueuse et sensibilité à fleur de peau et semblant sortir tout droit d’un opus de Chicago avec le chant de Jason Scheff.
Bien sûr, la patte de Peterik se retrouve un peu partout, surtout lorsqu’il offre le micro à Don Barnes sur l’AOR inspiré de ‘Winds Of Change’, à Toby Hitchcock (Pride Of Lions) sur un ‘Home Fires’ alternant couplets délicats et refrains énergiques, ou sur la ballade ‘Love You All Over The World’ permettant de découvrir un enregistrement qui ressuscite Jimi Jamison pour quelques minutes. Plus surprenant, ‘Where Eagles Dare’ voit Lars Säfsund et Robert Säll (Work Of Art) se frotter à une pop aérienne et envoûtante inhabituelle. Quant aux frères Nelson, ils déversent avec talent leurs harmonies vocales sur un ‘Avalanche’ aux accents rock-country US non dénué d’une belle énergie. Enfin, parmi les sommets, il serait dommage de passer à côté de l’accrocheur ‘Without A Bullet Being Fired’ sur lequel Mike Reno se met en danger, et du catchy et énergique ‘I Will What I Want’ avec Kelly Keagy au chant et un inattendu solo de claviers.
Devant tant de talent, on oublie vite le côté un peu décousu de l’ensemble qui aborde de multiples styles musicaux. Tout cela reste mélodique et dégage une énergie honnête et rafraîchissante. Il est d’ailleurs amusant de constater que certains artistes n’ont pas cherché à masquer quelques difficultés vocales, prouvant une spontanéité rassurante pour de telles pointures. Alors bien sûr, Jim Peterik présente ici un look qui prête à rire et ce rassemblement fleure bon la réunion d’anciens évoquant le bon vieux temps, mais il y a ici de quoi satisfaire tous les amoureux de mélodies finement ciselées et tous les mélancoliques de rock mélodique des années 80. Que demander de plus ?