Producteur et co-auteur de nombreux hits britanniques, Jem Godfrey décida un jour de créer et jouer sa propre musique au sein d'un groupe. De la musique certes, mais pas n'importe laquelle, et surtout pas celle qui lui permet de vivre. Loin de la pop pourtant rémunératrice, l'homme allait se lancer dans la création d'une musique haut de gamme, du progressif, qu'il compare lui-même à la Ferrari du rock. Et pas du prog à la papa des années 70s, mais bien de la musique moderne et intelligente, dans la lignée du 90125 de qui vous savez.
Pour ce faire, quoi de mieux que de s'entourer de deux des stars actuelles du néo-prog, j'ai nommé les incontournables Arena/IQ/etc... boys John Mitchell et John Jowitt, le quatuor étant complété par un batteur pas manchot, Andy Edwards, le remplaçant de Paul Cook chez IQ.
Avec une telle dream-team, l'amateur de progressif contemporain est en droit d'attendre une nouvelle bombe, dans la lignée des meilleurs Arena ou d'un Kino. Et le début de l'album ne déçoit pas, avec un formidable instrumental pour ouvrir les hostilités : durant 7 minutes, "Hyperventilate" nous assène une énorme claque technique et sonore, remplie de solos et de breaks divers et variés. "No me no you" enchaîne dans une veine type "Arena", avec toutefois une première réserve sur les qualités vocales du sieur Godfrey, maquillées par une production peu réussie.
C'est ensuite que l'affaire se gâte ... "Snowman", ballade mièvre et sans intérêt nous emmène sans transition vers l'autre facette de Frost : des compositions pas forcément inspirées, et de plus totalement gâchées par des choix de production peu judicieux. Les voix sont trafiquées, les instruments sont saturés, et le tout atteint un degré totalement insupportable dans le lourdingue "The Other Life", et parvient à gâcher le pourtant prometteur "Black Light Machine".
Heureusement, l'album se conclut en beauté avec "Milliontown", morceau épique et inspiré de 26 minutes, qui reprend tous les ingrédients cités précédemment, même les mauvais, mais sans gâcher le plaisir de l'auditeur.
Alors que retenir de ce premier effort d'un nouveau "super-groupe" ? Beaucoup de qualités certes, mais gâchées par une partie centrale peu crédible, et un manque d'émotion constant qui n'incite pas à réécouter le CD en boucle. Pour paraphraser nos professeurs bien-aimés, on pourrait conclure en disant : élève doué, mais peut et doit mieux faire.