Formé en 2017, Double Up Shot est en réalité l’association de musiciens appartenant déjà à d’autres groupes locaux tels que Sleekstain, Angel’s Night ou Exxcite. Certains esprits chagrins vous diront qu’on ne fait pas un groupe connu de musiciens venant de groupes inconnus. Ce n’est pas totalement faux mais l’esprit curieux préférera se faire une idée par lui-même en posant une oreille sur le premier méfait discographique du quintet français qui se présente sous la forme d’un EP éponyme composé de 5 titres.
La lecture de la liste des influences du groupe et le look de ses membres ne laissent que peu de place au doute quant au style pratiqué et s’il est une chose qui ne pourra être reprochée à Double Up Shot, c’est de ne pas être honnête. Annonçant fièrement n’avoir comme ambitions que de se faire plaisir et d’envoyer le son, Ryff Raff (chant), Martin et Abel (guitares) et leurs compères de la section rythmique envoient la sauce sans artifice ni chichi, rappelant dans l’esprit ce que peuvent produire les Finlandais de Santa Cruz, l’originalité en moins. Ne voyez aucune critique négative dans cette dernière remarque car le quintet ne manque pas de personnalité pour autant, balançant un hard rock sleaze aux racines plantées dans les années 80 avec quelques touches glam.
Le point fort réside sans hésitation dans une paire de guitaristes à la fois complices et véloces qui enchaînent les soli de haute volée (‘Million Miles Away’). Certains refrains se font hyper accrocheurs et sont souvent jumelés à un groove irrésistible (‘Mary Me Fuckin’ Bitch’, ‘Downtown Money’). Si la section rythmique assure sans faille, le chant n’évite pas quelques sorties de route qu’il aurait pourtant été aisé de s’épargner. Après un nouveau solo incandescent, les montées dans les aigus de ‘Mary Me Fuckin’ Bitch’ affichent, par exemple, un manque de maîtrise qu’il faudra corriger à l’avenir, d’autant que Ryff Raff est loin de manquer de qualités et dégage une énergie contagieuse. Et d’énergie cet EP n’en manque pas comme en est la preuve un ‘Kill Me’ épileptique aux accents rock’n’roll et au riff rappelant les premiers albums de Poison. Osant plus de puissance et d’ambition, ‘Binge Of Clowns’ clôture l’ensemble sur une bonne note même s’il aurait mérité un refrain plus accrocheur.
En ne confondant pas l’absence de prise de tête avec le manque de sérieux, Double Up Shot se présente comme un réel espoir dans un créneau musical actuellement dominé par des formations scandinaves telles que Backyard Babies ou Crashdiet. Mais si le terrain semble assez libre au sein de la scène hexagonale, il va falloir gommer quelques imperfections et offrir un véritable album pour que le quintet puisse envisager de concurrencer les formations des terres septentrionales.