Firespawn est une formation emmenée par Lars-Göran Petrov et Victor Brandt (Entombed et Entombed A.D.), Alex Friberg (Necrophobic) et Matte Modin (Skineater). Des fines lames maîtres d'une musique rugueuse aux pulsations intenses. Après deux albums bien accueillis, la formation publie “Abominate”, un condensé d’urgence et de sonorités sombres où se glissent quelques fines mélodies.
L’album débute intensément car, dès les premières secondes de ‘The Gallows End’, la voix gronde, les riffs sont puissants et la batterie pilonne les oreilles. Toutefois, dans cet amas sonore, la mélodie est omniprésente et se détache facilement, notamment quand ‘Cold Void’ dévoile une guitare acoustique sombre, exhaussée d'une mélodie simple digne de Dissection. Ce goût mélodique se poursuit lors des passages solitaires (‘Death And Damnation’, ‘Black Wings Of The Apokalypse’ ou ‘The Great One’), quand la six-cordes invoque l’âme de Carcass ou Arch Enemy.
L’opus fait un tour d’horizon des variations death. Avec ‘The Undertaker’ ou ‘Abominate’, c’est l’esprit de Dismember qui plane : guitares criardes et riffs lourds. ‘Blind Kingdom’ et ‘Heathen Blood’ offrent une variante imprégnée de thrash à la manière de Carcass ou Arch Enemy. Les riffs sont rapides et la batterie trépidante assène un groove réjouissant. ‘Death And Damnation’ use beaucoup de double pédale comme chez Morbid Angel, Immolation ou Hate Eternal, le son est lourd, alourdi encore par l’omniprésence des grosses caisses. Quant aux interventions solitaires des guitares, elles sont des coups de scalpel, parfois limite shred (‘The Gallows End’). Enfin les riffs variés apportent quelques dissonances (‘Abominate’). La mise en place est millimétrée, le chant maîtrisé, les instruments joués avec application et la section rythmique en béton armé.
Cependant, même si la galette est intense et la qualité au rendez-vous, la surprise se fait douloureusement attendre... La prestance de l’œuvre, ses mélodies ainsi qu’une certaine aisance métallique charment rapidement grâce à une puissance calculée... peut-être parfois trop calculée. Car au milieu de déferlantes de colère, les compositions consensuelles ou attendues semblent par instants museler la violence vitale du genre. “Abominate” est une œuvre qui n’a rien d’abominable, car elle suit un chemin balisé, parfois trop droit et prévisible.