Ceux qui pensent que la synthwave, dernier genre à la mode, biberonné aux années 80, sent la poussière et baigne dans le sirop, seraient étonnés par la puissance dont sont capables ces nouveaux maîtres du gros son. Synthés en mode turbo et machines gonflées à la testostérone, parfois soulignés par des guitares électriques ou des rafales de percussions, confèrent à cette musique une énergie aussi explosive que communicative, bien loin d’une bande-son gentillette et joyeuse.
De là la porosité avec le metal dont le public n’est insensible ni à la force immersive ni aux sombres tessitures de ce qu’on nomme alors la dark synth, sous-genre aux relents vaguement occultes nourri aux B.O. de films d’horreur des eighties, ceux de John Carpenter, George Romero et autre Lucio Fulci. Aux côtés de Perturbator et de Carpenter Brut (ça ne s’invente pas), GosT appartient à cette nouvelle génération de musiciens qui mixent sonorités synthétiques et fuselage sonore surpuissant. Son arrivée au sein de Century Media ne surprend donc pas vraiment. Afin de sceller cette union, ce n’est pas un nouvel album que l’Américain propose mais une réédition de "Skull", EP originellement publié en 2013, grossi pour l’occasion de deux pistes supplémentaires, placées en fin de parcours.
Aucune surprise à espérer pour qui est friand de ce style mais une bonne dose de décibels, rugissante et implacable, autant taillée pour avaler les kilomètres à bord d’une mécanique agressive que pour remuer sur une piste de danse. Alors que, d’emblée, ‘Chasm’ nous plonge dans un univers post-apocalyptique inquiétant, ‘Cursed’ se veut plus groovy quoique tout aussi obsédant, crachant un déluge de sons électroniques.
Avec ses rondeurs étranges, ‘They’ semble plus curieux, presque technoïde bien que des effluves angoissantes s’en échappent furtivement tandis que ‘Oddened’ pourrait être extrait d’une bande originale de John Carpenter, la distorsion en plus, de même que ‘Manic’ qui hybride notes horrifiques et tempo aussi compressé que pulsatif. Là réside peut-être la signature de celui qui se fait appeler Balberith. Instrumentale, la musique tissée par GosT se pare cependant de lignes vocales le temps de l’inédit ‘She Lives In Red Light’ pour un résultat étonnant mais efficace, entre coldwave et ambiances de films d’épouvante. Second ajout au menu originel, ‘The Call Of The Faithful’ galope dans le sillage plus classique et heavy des Carpenter Brut et Perturbator mais avec toujours ce pouls hypnotique couplé à de sombres et étouffantes effusions électroniques.
Cette version 2019 de "Skull" fait office d’idéale porte d’entrée dans le monde diablement accrocheur de GosT et de la dark synth.